Le mouvement islamiste Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, a commémoré dimanche sa «victoire» contre Israël lors du premier anniversaire de la brève mais meurtrière offensive de l'armée israëlienne contre ce territoire palestinien.

«La volonté résolue de Gaza a été victorieuse, la Résistance, qui a défendu sa terre avec honneur, n'a pas été brisée», s'est félicité un haut responsable du Hamas, Ahmed Bahar, lors de l'inauguration d'un monument aux morts.

Dans le nord du territoire, des centaines de manifestants ont défilé en arborant des photos des victimes. Le Premier ministre du gouvernement du Hamas, Ismaïl Haniyeh, doit prononcer un discours télévisé dans la soirée.

Les sirènes ont retenti à 11h20 locales dans toute la bande de Gaza pour marquer le début des raids aériens de l'Opération «Plomb Durci», le nom de l'offensive de Tsahal qui avait pour but de faire cesser les tirs de roquettes palestiniennes contre Israël.

Les commémorations doivent s'étaler sur 22 jours, soit autant que la durée de la guerre, du 27 décembre 2009 au 18 janvier 2010. Le conflit avait pris fin avec des cessez-le-feu unilatéraux des deux côtés.

«L'objectif de ces événements est d'exposer cette guerre et ses massacres, qui sont sans précédent, devant les yeux du monde entier. Ce afin que les chefs de cette guerre sioniste soient jugés», a souligné Ihab al-Ghoussein, un porte-parole du ministère de l'Intérieur à Gaza.

La guerre a fait 1.450 morts palestiniens, selon un bilan actualisé des services de secours à Gaza. Parmi les tués, 439 enfants âgés de moins de 16 ans et 127 femmes, ainsi que 5.570 blessés, selon les mêmes sources. Côté israélien: 13 morts, 4 civils et 9 soldats.

«Ce furent des jours sombres. Il y avait des cadavres dans chaque rue, dans chaque ruelle», a déploré le docteur Mouawiya Hassanein, chef des services d'urgence à Gaza, qui a perdu 16 secouristes durant les combats.

Depuis, un calme relatif - mais sans précédent depuis des années - règne entre la bande de Gaza et Israël. Les tirs de roquettes ont pratiquement cessé mais le Hamas est toujours au pouvoir.

Israël a été vivement critiqué pour la sévérité de son opération punitive contre le Hamas et son image internationale s'est dégradée depuis.

Ainsi, dans un rapport, la mission d'enquête du juge Richard Goldstone, mandaté par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, a accusé Israël - mais aussi les groupes armés palestiniens - de «crimes de guerre», voire de «crimes contre l'humanité».

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est inquiété dimanche du «sentiment de désespérance» qui prévaut à Gaza et a appelé Israël à lever son blocus «inacceptable».

«La qualité et la quantité des approvisionnements humanitaires à Gaza sont insuffisantes, la reconstruction et l'activité économique sont paralysées et la population se voit refuser les droits humains élémentaires», a déploré M. Ban dans un message posté sur le site de l'ONU.

Selon les Nations unies, quelque 6 400 habitations ont été détruites ou gravement endommagées dans un territoire étroit où vivent 1,5 million de personnes, dépendant à 85% de l'aide humanitaire internationale.

«Au rythme actuel (...) il faudra 530 années pour reconstruire toutes les maisons détruites» à Gaza, a regretté l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), alors que de nombreux réfugiés vivent encore sous des tentes.

De son côté, Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité palestinienne, avec laquelle le Hamas est à couteaux tirés, a promis de tout faire pour poursuivre «les criminels de guerre» israéliens.

Par contraste, l'anniversaire de la guerre de Gaza n'a aucun écho officiel en Israël.