Le Hamas a accusé mardi Israël d'«entraver» un accord sur la libération du soldat israélien Gilad Shalit en échange de prisonniers palestiniens, alors que le cabinet israélien a présenté sa réponse, apparemment assortie de réserves, aux exigences du mouvement islamiste.

S'il semble que le gouvernement israélien ait accepté le principe de l'élargissement de centaines de détenus palestiniens contre Gilad Shalit, le premier ministre Benjamin Netanyahu reste opposé au retour en Cisjordanie de prisonniers condamnés pour des attentats particulièrement meurtriers, selon les médias israéliens. «Le gouvernement israélien, moi-même et le chef d'état-major considérons qu'il est de notre devoir le plus sacré de ramener Gilad chez lui, mais pas à n'importe quel prix», a réaffirmé le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak.

Après 48 heures de discussions marathon, le cabinet restreint israélien, qui réunit M. Netanyahu et ses six principaux ministres, a décidé lundi soir de poursuivre les discussions indirectes avec le Hamas via un médiateur allemand.

Dans un communiqué, le bureau de M. Netanyahu a fait savoir que «le chef du gouvernement et les ministres ont donné comme instructions à l'équipe des négociateurs de poursuivre leurs efforts en vue du retour de Gilad Shalit dans ses foyers sain et sauf».

«Nous considérons ce qui s'est passé hier au sein du cabinet restreint comme la preuve que c'est Israël qui entrave et retarde un accord sur l'échange de prisonniers», a expliqué Sami Abou Zouhri, un porte-parole du Hamas à Gaza.

Le Hamas «n'a pas fermé la porte à des négociations dans cette affaire mais sur la base de (nos) conditions», a souligné le porte-parole, en attribuant tout blocage aux «divisions» du gouvernement israélien.

Selon des sources israéliennes et palestiniennes, le projet d'accord prévoit que, dans un premier temps, Israël relâche 450 prisonniers palestiniens, y compris des activites impliqués dans des attentats sanglants, en échange de Gilad Shalit.

Dans un deuxième temps, l'État hébreu libérerait 500 autres détenus palestiniens. Environ 8.000 Palestiniens sont emprisonnés en Israël.

Selon les médias israéliens, trois ministres du cabinet restreint sont favorables à l'accord avec le Hamas, dont M. Barack, tandis que trois autres s'y opposent.

Le contentieux le plus épineux concerne le retour de responsables de graves attentats palestiniens en Cisjordanie, occupée par Israël, comme le réclame le Hamas. Israël souhaite voir ces militants à Gaza (contrôlé par le Hamas) ou à l'étranger.

M. Netanyahu, qui a un poids déterminant dans la décision finale, s'est jusqu'à présent prononcé contre une telle libération compte tenu du risque, selon lui, que de tels activistes ne lancent de nouvelles opérations terroristes après leur élargissement.

«Israël a réagi positivement aux grandes lignes du projet d'accord présenté par le médiateur allemand. Mais une part des réserves tient aux noms des prisonniers les plus importants dont Israël demande qu'ils soient expulsés», écrit le site d'informations Ynet.

Interrogé par l'AFP, le père du soldat, Noam Shalit, a affirmé que «le processus (de négociation) se poursuit» en précisant qu'aucune nouvelle rencontre n'était prévue pour le moment avec M. Netanyahu. Ce dernier a reçu lundi les parents de Gilad Shalit.

Des parents de victimes d'attentats palestiniens, hostiles à l'échange, ont de leur côté exhorté M. Netanyahu à refuser «ce processus de capitulation face au terrorisme qui conduira à une grave atteinte à la sécurité d'Israël».

Le sergent Gilad Shalit, 23 ans, qui a également la nationalité française, a été capturé le 25 juin 2006 à la lisière de la bande de Gaza par un commando palestinien. Il est détenu depuis par le Hamas.