L'AIEA a demandé lundi «plus de clarifications» sur l'objectif du second site nucléaire que Téhéran avait omis de déclarer, alors que l'Occident s'impatiente face aux hésitations iraniennes sur son offre de compromis d'enrichir son uranium à l'étranger.

Par ailleurs, la révélation tardive de ce projet d'usine soulève la question de l'éventuelle existence d'autres installations secrètes du régime islamique, selon un rapport confidentiel dont l'AFP a obtenu copie lundi à Vienne.

La déclaration iranienne de ce nouveau site en septembre dernier «réduit le niveau de confiance» qu'on peut avoir en l'Iran concernant d'éventuels autres plans secrets de construction et «soulève la question de l'existence d'autres installations nucléaires qui n'auraient pas encore été révélées à l'Agence internationale de l'énergie atomique», souligne le rapport.

Le régime islamique à Téhéran a réaffirmé lundi qu'il poursuivrait son enrichissement d'uranium qualifiant les demandes de «clarifications» de la part de l'AIEA de «répétitives». «L'Iran va continuer à exercer son droit à l'usage pacifique de l'énergie nucléaire, y compris l'enrichissement» d'uranium selon le représentant iranien auprès de l'AIEA Ali Ashgar Soltanieh cité par l'agence Fars.

Selon les inspecteurs de l'AIEA qui se sont rendus fin octobre sur le site en construction près de la ville sainte de Qom (150 km au sud-ouest de Téhéran), ce dernier pourrait accueillir environ 3.000 centrifugeuses pour enrichir de l'uranium. Mais pour l'instant il n'y en a aucune, selon les inspecteurs.

Et selon les informations fournies par Téhéran ce site devrait être opérationnel en 2011.

Néanmoins «les explications iraniennes sur l'objectif de cette usine et la chronologie des plans et de sa construction nécessitent davantage d'explications», demande le directeur général de l'AIEA, Mohamed ElBaradei dans le rapport.

L'Iran avait révélé en septembre dernier la construction d'un second centre d'enrichissement en plus de Natanz, qui compte environ 8.000 centrifugeuses, dans le centre du pays.

La révélation tardive du projet avait provoqué une vague d'indignation dans les pays occidentaux qui soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme atomique sous couvert d'un programme nucléaire dont le régime islamique affirme qu'il est purement civil.

L'uranium enrichi sert à produire du combustible pour des réacteurs civils mais entre également à un niveau élevé d'enrichissement dans la fabrication d'une bombe nucléaire.

L'Iran enrichit depuis de nombreuses années son uranium à Natanz, malgré les injonctions du Conseil de sécurité des Nations unies de geler ce type d'activités et trois séries de sanctions onusiennes. Selon le dernier décompte par l'AIEA, Téhéran y a produit 1.763 kilos d'uranium faiblement enrichi, 255 kilos de plus que le chiffre cité en août par l'agence.

L'Iran a affirmé avoir commencé les travaux du site de Qom au second semestre de 2007. Mais selon les images satellites obtenus par l'AIEA, des travaux de construction ont été entrepris entre 2002 et 2004, «les activités de construction ont repris en 2006 et ont été poursuivies jusqu'à aujourd'hui».

L'AIEA a toutefois noté que «le fait que l'Iran n'a pas notifié à l'agence la nouvelle usine avant septembre 2009 constituait un non respect de ses obligations».

Ce rapport sera examiné par le prochain conseil des gouverneurs de l'agence les 26 et 27 novembre, le dernier avec M. ElBaradei dont le mandat expire fin novembre. Il ne traite cependant pas des négociations en cours avec le régime islamique sur le compromis présenté le 21 octobre aux Iraniens par M. ElBaradei sur l'enrichissement de leur uranium à usage civil par des pays tiers.

Téhéran a refusé l'idée de faire enrichir les trois quarts de son uranium faiblement enrichi en Russie avant d'être transformé en combustible en France pour pouvoir ensuite alimenter son réacteur de recherche.