Au moins dix personnes ont été tuées vendredi lors d'un double attentat dans le nord-ouest du Pakistan, dont l'un a dévasté les services de renseignements de l'armée à Peshawar, l'autre touchant un poste de police dans une ville-garnison.

Le Pakistan est en proie à une vague sans précédent d'attentats, perpétrés pour la plupart par les kamikazes des talibans liés à Al-Qaïda et qui a fait environ 2 500 morts en un peu plus de deux ans.

Les deux attaques de vendredi sont les quatrième et cinquième attentats en six jours dans la région. Les talibans avaient promis cette semaine d'intensifier leurs attaques dans les villes, pour riposter à l'offensive terrestre lancée il y a quatre semaines par l'armée dans leur fief tribal du Waziristan du Sud, dans le nord-ouest.

En début de matinée, une bombe très puissante a partiellement détruit l'immeuble à Peshawar de l'Inter-Services Intelligence (ISI), la puissante agence de renseignements dépendant de l'armée, a constaté un journaliste de l'AFP.

«Sept personnes ont été tuées et 35 sont blessées», a déclaré sur les lieux à la presse Sahib Zada Anis, le chef de l'administration de la ville de Peshawar, la capitale de la Province Frontière du Nord-Ouest (NWFP). La plupart des victimes sont des civils, selon lui.

Un médecin du principal hôpital de la ville a confirmé à l'AFP ce bilan provisoire.

Un journaliste de l'AFP a vu trois corps gisant au sol alors que la télévision montrait de scènes de panique dans un hôpital où étaient admis des patients couverts de sang.

Peu après la première attaque, une bombe, apparemment actionnée par un kamikaze, a explosé dans un poste de police de la ville-garnison de Bannu (144 km au sud-ouest de Peshawar), toute proche des bastions talibans dans les Waziristan du Nord et du Sud.

«Il semble qu'il s'agisse d'un attentat-suicide, le poste de police de Bakakhel a été gravement endommagé, trois policiers sont morts et cinq autres blessés», a déclaré au téléphone à l'AFP Hameed Khan, un officier de police de Bannu.

Près de 2 500 personnes ont été tuées depuis l'été 2007 dans tout le Pakistan par des attentats perpétrés pour la plupart par des kamikazes du Mouvement des Talibans du Pakistan (TTP).

Dimanche déjà, l'un d'eux avait tué 15 personnes, dont un élu local qui était sa cible, dans un marché au bétail de Peshawar.

Le lendemain, à Peshawar encore, un homme faisait exploser la bombe qu'il portait sur lui à un check-point tenu par des policiers, tuant un agent et deux civils.

Et mardi, à Charsadda, dans la banlieue de Peshawar, 32 personnes avaient péri dans un attentat à la voiture piégée sur un marché bondé.

«Les attentats dans les villes font partie de notre stratégie permanente, ils se poursuivront et viseront tous ceux qui nous attaquent», avait menacé dans un entretien téléphonique avec l'AFP, le porte-parole du TTP, Azam Tariq, quelques heures avant l'attentat.

Le rythme des violences s'est accéléré, les attentats et attaques de commandos-suicide ayant fait plus de 400 morts en un mois.

Le TTP avait tout d'abord essayé de dissuader l'armée de lancer une vaste offensive terrestre dans son fief tribal du Waziristan du Sud, puis juré de se venger dès son déclenchement le 17 octobre.

Le 28 octobre, 118 personnes avaient été tuées quand un kamikaze avait fait exploser sa voiture sur un marché bondé de Peshawar, fréquenté essentiellement par des femmes et des enfants.

Non loin de là, les zones tribales frontalières avec l'Afghanistan sont devenues le bastion du TTP qui a permis à Al-Qaïda d'y reconstituer ses forces et aux talibans afghans des bases arrières, depuis la chute de leur régime à Kaboul fin 2001.

Le TTP, qui a fait allégeance à Al-Qaïda, avait décrété à l'été 2007, à l'unisson d'Oussama ben Laden, le «jihad» à Islamabad, lui reprochant de s'être allié à Washington dans sa «guerre contre le terrorisme».