Le président palestinien Mahmoud Abbas a rejeté samedi une offre américaine pour une reprise des négociations avec Israël sans un gel total de la colonisation israélienne, lors d'une rencontre avec la secrétaire d'Etat Hillary Clinton, en visite dans la région.

M. Abbas a rencontré Mme Clinton à Abou Dhabi pour discuter des efforts américains en vue de relancer le processus de paix bloqué depuis l'offensive israélienne contre la bande de Gaza fin 2008.

«Au nom de l'administration américaine, Mme Clinton a demandé de reprendre les négociations entre les deux parties sur la base d'un accord auquel est parvenu (l'émissaire américain) George Mitchell avec Israël, un accord qui ne prévoit pas un arrêt total de la colonisation», selon le négociateur palestinien Saëb Erakat.

«Le président Abbas a informé Mme Clinton de son refus absolu d'une reprise des négociations avec Israël» dans de telles conditions, a déclaré M. Erakat à l'AFP lors d'une conversation téléphonique depuis Abou Dhabi.

Selon lui, le président palestinien avait déjà savoir à M. Mitchell, au cours d'une rencontre vendredi à Abou Dhabi, qu'«un arrêt des implantations est la clé de la reprise des négociations».

La colonisation, qu'Israël refuse de stopper complètement malgré les pressions internationales, constitue la principale pierre d'achoppement à la reprise des négociations.

Après sa rencontre avec Mme Clinton, M. Abbas a déclaré à des journalistes n'avoir relevé «rien de nouveau» pour une relance du processus de paix. «Israël campe sur sa position», a-t-il déploré, dénonçant l'«intensification de la politique des implantations» à Jérusalem-est (annexée en 1967 par Israël).

«Cette question (de Jérusalem) a été au coeur des discussions avec Mme Clinton», a-t-il dit, ajoutant que «Jérusalem est en danger et sans Jérusalem, il n'y aura pas de paix».

M. Abbas a exhorté «l'administration américaine, en tant que médiateur, à obliger Israël (à respecter) ses engagements», y compris à Jérusalem-est dont l'annexion «n'est pas reconnue par les Etats-Unis et la communauté internationale».

Son porte-parole, Nabil Abou Roudeina, a mis en cause l'«intransigeance» d'Israël qu'il a rendu responsable de l'absence de «percée».

Côté israélien, le ministre de la Défense Ehud Barak a insisté sur la nécessité de relancer les négociations «dans les semaines qui viennent».

«Il est essentiel que les deux camps fassent un effort pour démarrer les discussions. Cette occasion est unique. Une impasse ne servirait que le Hamas (le mouvement islamiste qui contrôle la bande de Gaza) et les éléments radicaux dans la région», a-t-il déclaré avant l'arrivée de Mme Clinton.

Après une étape aux Emirats arabes unis en provenance du Pakistan, Mme Clinton devait arriver en Israël en début de soirée pour rencontrer dans la foulée son homologue Avigdor Lieberman, M. Barak et le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Les efforts de paix américains se poursuivront en début de semaine au Maroc. Mme Clinton est attendue au Forum pour le Futur de Marrakech, où elle compte s'entretenir du processus de paix avec l'ensemble de ses homologues arabes.

La relance du processus de paix israélo-palestinien est l'une des priorités de politique étrangère du président Barack Obama qui y voit la clé de relations apaisées entre l'Amérique et le monde arabe.

Mme Clinton avait présenté la semaine dernière un rapport d'étape à M. Obama, reconnaissant que des «difficultés subsistent» avant une relance des pourparlers.