L'ancien dictateur irakien Saddam Hussein avait échafaudé un plan pour s'évader de prison en 2006, année au terme de laquelle il a été pendu, révèle son avocat Khalil Al-Doulaïmi dans un ouvrage intitulé «Saddam Hussein hors de la prison américaine: ce qu'il s'est passé».

«Le plan d'évasion de Saddam devait être mis en oeuvre pendant l'été 2006, avec l'aide de la résistance irakienne et d'une force spéciale (composée) de gardes du corps», écrit Me Doulaïmi dans ces mémoires qui comptent également «500 correspondances, poèmes et autres textes» du dictateur déchu.

Selon lui, ce plan n'a pu voir le jour à la suite d'un incident armé à proximité de Camp Cropper, la base américaine où il était détenu, qui avait entraîné un renforcement des mesures de sécurité.

Interrogé par l'AFP, un porte-parole militaire américain a affirmé n'avoir aucun commentaire à faire à ce sujet.

«Selon le projet, les combattants irakiens devaient recevoir l'ordre d'attaquer la "Zone verte" (le secteur ultra-protégé du centre de Bagdad) et le QG des soldats américains à l'aéroport, avant de lancer l'assaut contre sa prison», explique encore l'avocat dans ce livre de 480 pages publié en arabe à Khartoum, et dont l'AFP a obtenu un exemplaire à Amman.

Chassé du pouvoir en avril 2003 après l'invasion américaine, Saddam Hussein avait été capturé en décembre de la même année et placé en détention à Camp Cropper, base américaine située à proximité de l'aéroport international.

Condamné à mort en 2006 à l'issue du procès sur l'assassinat de 148 villageois chiites en 1982 à Doujaïl, il a été pendu le 30 décembre 2006.

L'avocat affirme que le dictateur entendait également «libérer ses camarades et d'autres prisonniers» de camp Cropper.

«Il avait prévu de rejoindre la province d'Al-Anbar, dans l'ouest de l'Irak, avec l'intention d'unifier au plus vite les groupes de la résistance irakienne, et de lancer une offensive sur Bagdad», ajoute-t-il.

Al-Anbar a été pendant plusieurs années un fief de l'insurrection sunnite.

Khalil Al-Doulaïmi, qui précise n'avoir rien enregistré mais avoir tout noté par écrit, rapporte nombre de confessions livrées par Saddam Hussein durant sa détention.

«Si l'Irak est libéré, j'en ferai un pays florissant en sept ans, sans l'aide de quiconque», aurait-il dit à ses camarades détenus.

Selon l'avocat, citant l'ancien président, ses geôliers américains lui demandaient sans cesse des «autographes».

«Après la libération de l'Irak, je vous inviterai à venir visiter mon pays», leur disait-il. «Ils étaient contents de cette invitation et promettaient de l'honorer», avait raconté Saddam Hussein à son conseil.

En revanche, «les soldats américains refusent de me donner des ciseaux pour raser ma barbe et ma moustache car ils ont peur que je me suicide», notait-il.

D'après Me Doulaïmi, Saddam -dont les images de son arrestation en 2003 dans un modeste trou à Tikrit avaient fait le tour du monde- prenait le plus grand soin de son hygiène.

«Il ne laissait le soin à personne de laver ses affaires».

L'avocat, qui avait clamé être l'objet de menaces de mort dans le cadre de sa défense du dictateur déchu, explique enfin avoir rencontré son client deux jours avant l'exécution.

«J'espère que le peuple irakien ne m'oubliera pas», lui aurait-il confié.