Un double attentat suicide contre des bâtiments officiels en plein coeur de Bagdad a fait dimanche 99 morts, une attaque que le gouvernement a imputée à Al-Qaeda et «ses alliés» pour torpiller les élections prévues en janvier.

Il s'agit du bilan le plus meurtrier depuis plus de deux ans en Irak, où quatre attentats visant une secte religieuse kurde avaient fait 400 morts dans la province de Ninive le 14 août 2007.

La première attaque a visé vers 10h30 (03h30 HAE) le ministère de la Justice et celui des Municipalités et des Travaux publics qui se font face dans la rue de Haïfa. Dix minutes plus tard, une seconde explosion s'est produite devant le siège du gouvernorat de Bagdad, dans le même secteur.

Le général Kassem Atta, porte-parole du commandement militaire de la capitale, a parlé de «deux attentats suicide». «Les kamikazes ont utilisé pour le premier un camion transportant une tonne d'explosifs et pour le second une voiture remplie de 700 kg d'explosifs», a-t-il déclaré à l'AFP.

Il a par ailleurs précisé que 92 personnes blessées étaient toujours hospitalisées.

«Les crimes du Baas et d'Al-Qaeda ne réussiront pas à bloquer le processus politique et la tenue des élections. C'est la même main maculée de sang, qui a commis les attentats du 19 août, et nous punirons les ennemis de l'Irak», a affirmé dans un communiqué le premier ministre irakien Nouri al-Maliki qui s'est rendu sur les lieux des attentats.

L'Irak avait accusé la Syrie d'abriter les commanditaires du double attentat du 19 août, qui visait deux ministères à Bagdad et avait fait 95 morts, provoquant une crise diplomatique avec Damas.

La Syrie, qui avait nié abriter les commanditaires, a condamné dimanche dans un communiqué les attentats du même jour, parlant d'«actes criminels».

Les présidents américain Barack Obama et français Nicolas Sarkozy ont également condamné les attaques.

L'Iran, l'allié régional de la Syrie, a dénoncé des «actions terroristes (qui) visent à perturber (...) le processus de renforcement des structures démocratiques».

«Nous avons recensé 99 morts et 712 blessés», a déclaré à l'AFP un haut responsable du ministère de la Santé. Le porte-parole du gouvernement Ali al-Dabbagh a confirmé ces chiffres.

Les attentats ont permis paradoxalement de sauver une personne, selon un policier sur place. Il a raconté à l'AFP qu'un homme venait d'être kidnappé et se trouvait dans le coffre d'une voiture au moment des explosions. Il a été libéré par les forces de l'ordre, deux des ravisseurs ont été tués et le chauffeur du véhicule a été blessé.

Le chef de l'armée de terre irakienne avait mis en garde samedi contre le risque d'un regain de violences dans les prochains mois en raison des élections générales prévues le 16 janvier.

Dans un entretien avec l'AFP, le général Ali Gheidan, s'était également dit préoccupé par les répercussions d'un éventuel report du scrutin.

Selon un parlementaire, les dirigeants irakiens qui ont discuté dimanche soir de la nouvelle loi électorale devaient se retrouver lundi pour arriver à un accord.

«Le président (kurde) Jalal Talabani, le premier ministre (chiite) Nouri al-Maliki et le président du Parlement (sunnite) Iyad al-Samarraï se rencontreront lundi pour arriver à une décision finale sur les amendements afin de les envoyer au parlement», a indiqué à l'AFP sous couvert de l'anonymat ce député irakien qui assistait à la réunion.

Il a en outre affirmé que, pendant la réunion de dimanche soir, M. Talabani avait reçu un appel téléphonique de son homologue américain Barack Obama qui «a pressé les participants d'arriver à un accord».

Le parlement irakien n'est pas parvenu mercredi à trouver un accord sur une nouvelle loi électorale, en raison de l'âpre bataille entre Arabes et Kurdes pour le contrôle de la région pétrolière de Kirkouk.