Le premier ministre ministre irakien Nouri al-Maliki a vivement exprimé samedi son inquiétude d'un éventuel report des élections générales prévues à la mi-janvier, à la veille de la réunion de la dernière chance.

«Si le scrutin n'est pas organisé à la date indiquée, aussi bien le gouvernement que le Parlement n'auront aucune légitimité», a averti Nouri al-Maliki, selon un communiqué de son bureau.

«Nous reviendrons alors à la case départ et à l'intolérance. Nous devons unifier nos voix pour respecter la date de ces élections», a-t-il dit.

La haute hiérarchie religieuse chiite a exprimé la même inquiétude.

«Je tiens à vous faire part des appréhensions que suscite chez la Marjaïya (la plus haute référence religieuse chiite) l'absence d'adoption de la loi électorale», a affirmé dans son prêche de vendredi dans la ville sainte de Kerbala, cheikh Abdel Mahdi al-Karbalaï, le représentant du Grand ayatollah Ali al-Sistani, dont les propos sont reproduits samedi par la presse.

Le Parlement irakien n'est pas parvenu mercredi à trouver un accord sur une nouvelle loi électorale, en raison de l'âpre bataille entre Arabes et Kurdes pour le contrôle de la région pétrolière de Kirkouk.

Son président Iyad al-Samarraï avait annoncé avoir «transmis la loi électorale au Conseil politique de sécurité nationale pour qu'il prenne une décision d'ici à dimanche». S'il y arrive, le Parlement se réunira lundi pour voter la nouvelle loi.

Le Conseil politique, organe consultatif, rassemble le Conseil présidentiel, le premier ministre, les deux vice-Premiers ministres et les chefs des principales formations politiques du pays.

La Commission électorale a dit à plusieurs reprises qu'il lui fallait 90 jours pour préparer ce scrutin décisif.

«Le report des élections créera un vide constitutionnel et politique ainsi qu'un désordre sécuritaire. Cela bloquera aussi l'action du gouvernement (...) Nous demandons aux groupes politiques de prendre conscience des conséquences de la non publication de la loi électorale», a ajouté cheikh Karbalaï.

Un député sunnite du Parti islamique s'est montré pessimiste sur l'issue de du Conseil politique. «La réunion de dimanche n'aboutira pas notamment en raison de l'attitude des Kurdes. Il s'agit d'une question difficile et les élections pourraient être repoussées d'un mois ou deux», a affirmé à l'AFP Noureddine al-Khiyali

Les Kurdes exigent d'être majoritaires dans les instances dirigeantes de cette province de 900 000 habitants, qu'ils veulent annexer à leur région autonome, alors que les Arabes et les Turcomans accusent ces derniers de s'y installer en masse pour modifier l'équilibre démographique.

Jeudi soir, les dirigeants kurdes avaient rejeté tout régime spécial pour la région de Kirkouk. «Nous refusons l'adoption d'une loi électorale spéciale pour Kirkouk nous n'acceptons pas une distribution des sièges selon un quota décidé à l'avance», avait affirmé le président de la région autonome kurde Massoud Barzani.

«Les élections à Kirkouk doivent avoir lieu en même temps que le reste du pays et nous refusons la création dans ce gouvernorat de circonscriptions électorales sur une base ethnique», avait-il ajouté.