Le président palestinien Mahmoud Abbas a décidé de convoquer des élections présidentielle et législatives pour le 24 janvier 2010, au risque de creuser davantage le fossé avec les islamistes du Hamas qui ont rejeté cette mesure comme «illégale».

«Le peuple palestinien est invité à des élections présidentielle et législatives, libres et au scrutin direct, à Jérusalem, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza le dimanche 24 janvier», selon un décret du président de l'Autorité palestinienne publié vendredi soir à Ramallah (Cisjordanie).

Le principal rival de l'Autorité palestinienne, le mouvement islamiste Hamas, a immédiatement rejeté le décret électoral, qualifié de «décision illégale et inconstitutionnelle».

Un porte-parole du Hamas à Gaza, Fawzi Barhoum, a fustigé une «tentative délibérée d'Abou Mazen (surnom de M. Abbas) de renforcer la division et d'accaparer la scène palestinienne».

En vertu de la Loi fondamentale palestinienne, M. Abbas devait proclamer la date des élections générales trois mois avant leur tenue. Le 24 janvier 2010 est la date de l'expiration du mandat de quatre ans du Conseil législatif palestinien (CLP, le Parlement de l'Autorité palestinienne), élu en janvier 2006.

Les élections de 2006 avaient vu la victoire du Hamas sur le Fatah dirigé par M. Abbas.

Les deux frères ennemis sont à couteaux tirés depuis que les islamistes du Hamas se sont emparés par la force de la bande de Gaza en juin 2007, délogeant les forces loyales à M. Abbas après 18 mois de coexistence houleuse au pouvoir.

Quant au président Abbas, élu en janvier 2005, son mandat devait expirer en janvier 2009 mais il a été prorogé par l'Autorité palestinienne d'un an aux termes d'une disposition de la loi électorale stipulant la tenue des élections législatives et présidentielle en même temps.

Cependant le Hamas a contesté cette prorogation.

«Le mandat du président de l'Autorité palestinienne a expiré et ce dernier n'est plus habilité à émettre de tels décrets (électoraux)», a répété le porte-parole du Hamas.

M. Abbas avait annoncé mardi au Caire son intention d'émettre un décret présidentiel convoquant des élections pour le 24 janvier.

Il n'a pas exclu de modifier cette date en cas d'accord avec le Hamas en vue d'une «réconciliation nationale» sous l'égide de l'Égypte.

Le Caire parraine en effet depuis des mois un dialogue de réconciliation entre le Hamas et le Fatah mais pour le moment en vain.

Le Hamas refuse de parapher un projet de compromis proposé récemment par l'Égypte et signé par le Fatah.

Les islamistes souhaitent un délai «pour plus de consultations internes» au sujet de l'accord, laissant planer l'incertitude sur leurs intentions.

M. Abbas a fait savoir qu'en cas de signature du Hamas, il accepterait d'émettre un nouveau décret pour convoquer des élections le 28 juin, date suggérée par l'Égypte qui laisse plus de temps à l'organisation du scrutin.

Mais le président palestinien rejette sur le Hamas la responsabilité du blocage actuel.

Ces derniers jours, Le Caire a aussi multiplié les attaques contre le Hamas, l'accusant de ruiner, par ses «tergiversations», toute chance de rétablir l'unité du camp palestinien.

La réconciliation des factions palestiniennes est considérée comme cruciale pour une reprise des négociations de paix avec Israël, suspendues depuis la fin 2008.