La Russie a assuré les responsables israéliens qu'elle s'opposerait à l'examen du rapport Goldstone au Conseil de sécurité de l'ONU, a indiqué lundi à l'AFP un haut diplomate israélien.

L'ambassadeur de Russie en Israël, Peter Stegnï, a transmis à la fin de la semaine dernière au ministère israélien des Affaires étrangères un message écrit du chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov en ce sens, a précisé le responsable israélien, qui a requis l'anonymat.

«Le message de M. Lavrov affirme que Moscou n'a pas l'intention de soutenir l'examen du rapport Goldstone par le Conseil de sécurité», après l'adoption vendredi par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU de ce document qui accuse Israël de «crimes de guerre» dans la bande de Gaza, a précisé le diplomate.

L'examen du rapport Goldstone par le Conseil de sécurité pourrait déboucher sur l'ouverture d'une procédure devant la Cour pénale internationale (CPI) de la Haye contre des dirigeants politiques et des hauts gradés israéliens.

Commandité par l'ONU et présenté par le juge sud-africain Richard Goldstone, ce rapport controversé accuse notamment Israël et des groupes armés palestiniens de «crimes de guerre», commis pendant les 22 jours de l'offensive militaire israélienne lancée à la fin décembre 2008 pour mettre fin aux tirs de roquettes palestiniennes vers Israël.

Au cours de cette campagne militaire, plus de 1400 Palestiniens ont été tués, selon des sources médicales à Gaza, ainsi que 13 Israéliens.

Le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU a adopté vendredi à Genève une résolution approuvant le rapport Goldstone, par 25 voix (dont celle de la Russie) contre six (dont les États-Unis) et onze abstentions. La France et le Royaume-Uni n'ont pas participé au scrutin.

Le quotidien israélien Haaretz a pour sa part affirmé que le ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, partisan d'un renforcement du «dialogue stratégique» avec Moscou, avait ressenti le vote russe «comme une gifle personnelle».

Le journal précise que M. Lieberman, originaire de l'ex-URSS, a parlé pas moins de dix fois avec son homologue russe pour tenter de le convaincre de ne pas voter la résolution à Genève.

De son côté, le quotidien anglophone Jerusalem Post indique qu'aux yeux d'Israël, le vote de la Russie pourrait remettre en cause la tenue d'une conférence globale sur le Proche-Orient que Moscou tente d'organiser depuis deux ans.

Le vice-ministre israélien des Affaires étrangères, Danny Ayalon, cité par ce journal, indique que le vote russe «n'aide pas à la promotion» d'une telle conférence.