L'Iran a annoncé samedi les trois premières condamnations à mort dans le procès des personnes liées aux manifestations de protestation post-électorales qui avaient plongé le pays dans sa plus grave crise politique en trois décennies.

«Trois personnes qui comparaissaient (pour leur rôle) dans les incidents post-électoraux ont été condamnées à mort» par le Tribunal révolutionnaire de Téhéran, a indiqué l'agence de presse iranienne Isna, en citant un porte-parole du ministère de la Justice, Zahed Bashiri Rad. La contestation de la réélection le 12 juin du président Mahmoud Ahmadinejad, entachée de fraudes massives selon ses adversaires, avait entraîné des manifestations de masse sévèrement réprimées par les autorités, qui avaient arrêté 4 000 personnes.

La plupart ont depuis été libérées mais quelque 140 ont été renvoyées devant la justice.

M. Bashiri Rad a précisé que les trois condamnés, qu'il n'a présentés que par leurs initiales, avaient également été reconnus coupables de liens avec des organisations interdites en Iran.

«M.Z. et A.P. ont été condamnés pour leurs liens avec l'Association de la monarchie d'Iran et N.À pour ses liens avec les Monafeghin», a-t-il dit en référence aux Moudjahidine du Peuple, un groupe d'opposition iranien en exil.

M. Bashiri Rad a souligné que ces condamnations à mort n'étaient «pas définitives et les condamnés peuvent faire appel auprès de la Cour suprême». Selon la loi, le verdict doit être confirmé par la cour d'appel, puis par la Cour suprême pour que la peine puisse être exécutée.

Le site Internet réformiste iranien mowjcamp.com avait fait état jeudi de la condamnation à mort de Mohammad Reza Ali Zamani, un membre de cette même Association de la monarchie d'Iran interdite en Iran.

Aucun responsable du ministère de la Justice n'a pu être contacté pour confirmer si «M.Z.» était la même personne.

Amnesty International a appelé les autorités iraniennes à annuler la peine de mort prononcée contre M. Zamani. L'organisation de défense des droits de l'homme a dit craindre que cette condamnation «n'ouvre la voie à d'autres peines de mort contre ceux qui sont en procès pour des crimes similaires».

M. Zamani avait comparu le 8 août, le même jour que l'universitaire française Clotilde Reiss, 24 ans, libérée sous caution mi-août à condition de rester à l'ambassade de France, dans l'attente de son jugement. Elle avait été arrêtée le 1er juillet pour participation à des manifestations post-électorales.

L'agence semi-officielle Mehr avait rapporté en août que M. Zamani avait été accusé «d'être mohareb (en guerre contre Dieu) du fait de son appartenance à l'Association terroriste de la monarchie d'Iran, d'avoir insulté les valeurs religieuses, de propagande contre le régime et de participation à des manifestations dans le but d'agir contre la sécurité nationale».

Au total, 36 personnes ont péri lors des émeutes post-électorales selon les autorités. L'opposition a fait état de 72 morts.

M. Bashiri Rad a précisé que ces trois condamnations à mort n'étaient pas les seuls verdicts rendus par le Tribunal révolutionnaire de Téhéran qui juge les personnes accusées d'implication dans la contestation post-électorale.

Dix-huit prévenus ont fait appel de leurs peines, a dit le porte-parole sans toutefois préciser ces verdicts, ni l'identité des accusés. «Ces appels seront bientôt examinés par la cour d'appel de Téhéran».