Au moins 30 civils, dont sept femmes et 10 enfants, ont été tués mardi quand leur bus a sauté sur un engin explosif artisanal dans la province de Kandahar, dans le sud de l'Afghanistan, selon un nouveau bilan du ministère de l'Intérieur.

«30 personnes ont été tuées, dont 10 enfants, 7 femmes et 13 hommes. Et 39 autres personnes ont été blessées», indique le ministère de l'Intérieur dans un communiqué.Kandahar est un bastion des talibans et l'une des provinces les plus violentes d'Afghanistan.

Les bombes artisanales, un fléau

Les bombes artisanales sont devenues un véritable fléau en Afghanistan, où elles ont déjà provoqué cette année des pertes record dans les rangs des armées étrangères les mieux équipées, des forces afghanes et parmi les civils.

Dépassés lors d'affrontements conventionnels, «les insurgés sont passés à une tactique terroriste car ils ont compris la grande efficacité des bombes artisanales et des attaques suicide», estime le général Jim Dutton, commandant adjoint des forces de l'OTAN en Afghanistan.

«C'est une victoire rapide pour eux et un énorme travail pour nous», explique-t-il.

Les pays occidentaux qui luttent depuis 2001 contre les talibans considèrent désormais ces bombes, baptisées IED dans le jargon militaire (Improvised Explosive Devices, Engins explosifs improvisés en français), comme la principale menace pour leurs soldats, au nombre d'environ 100000 sur le sol afghan.

Grâce à de nouveaux équipements et en mettant l'accent sur la formation d'experts afghans en explosifs, ils tentent d'adapter leur stratégie à ce phénomène. La Grande-Bretagne va ainsi déployer prochainement 200 spécialistes de ces engins, qui s'ajouteront aux 200 déjà envoyés cette année.

Mais les bombes artisanales sont aussi très meurtrières pour la population. Mardi encore, au moins 30 civils, dont sept femmes et 10 enfants, ont été tués quand leur bus a sauté sur un de ces engins dans la province de Kandahar, dans le sud de l'Afghanistan, selon le ministère de l'Intérieur.

Sur les huit premiers mois de l'année, 40% des victimes civiles ont péri à cause des IED ou des attaques suicides, soit plus de 600 personnes, selon les Nations unies.

De janvier à juillet, «les incidents impliquant des IED ont augmenté de façon spectaculaire, pour atteindre une moyenne de plus de huit par jour, soit 60% de plus que sur les sept premiers mois de 2008», indique l'ONU.

D'après les experts, ces bombes sont bon marché, faciles à fabriquer, reliées à un minuteur, un système de commande à distance ou un détecteur de pression qui se déclenchera lorsqu'un véhicule passera dessus.

De plus en plus souvent, un IED est relié à plusieurs autres, afin de provoquer un maximum de dégâts.

Ceux qui fabriquent ces bombes cannibalisent obus de mortier ou vieilles mines, faciles à trouver en Afghanistan, ou relient des téléphones portables à des explosifs bruts - fertilisants, gasoil...

Les IED ont déjà été utilisés avec succès par les insurgés en Irak. Comme en Irak, les rebelles d'Afghanistan changent sans arrêt l'apparence de leurs bombes pour les rendre plus difficilement repérables et les adapter aux moyens de détection.

Le premier ministre britannique Gordon Brown a rappelé récemment que «les trois quarts» des pertes étrangères en Afghanistan sont dues aux bombes artisanales.

Au total, 377 soldats étrangers sont morts dans ce pays en 2009, de loin l'année la plus plus meurtrière pour les forces internationales depuis 2001.

Outre un effet négatif sur des opinions publiques occidentales de plus en plus hostiles à la guerre, ces engins compliquent à l'extrême le déroulement des opérations.

«L'ennemi s'adapte et évolue plus rapidement» que les forces internationales, estime un ancien officier américain ayant requis l'anonymat.

«Du coup, les Américains et les Britanniques sont forcés d'avancer à petits pas dans leurs opérations visant à reprendre du terrain» aux insurgés, «car les bombes artisanales peuvent être enterrées partout», ajoute-t-il.