«Nous accueillerons chaleureusement de nouvelles sanctions contre l'Iran, ça nous permettra de rendre notre pays encore plus autonome!»

Le président Mahmoud Ahmadinejad a lancé cette phrase de défi dans un dîner précédant son allocution devant l'Assemblée générale de l'ONU, à New York, mercredi dernier.

 

Deux jours plus tard, l'Iran a dû admettre qu'il construisait une deuxième usine d'enrichissement d'uranium, près de la ville sainte de Qom. Dimanche, il a testé des missiles de courte portée. Et, hier, dans de nouveaux exercices militaires, il a procédé au lancement de missiles qui pourraient facilement atteindre Tel-Aviv et Riyad.

Cette escalade dans l'étalage des capacités militaires iraniennes n'est pas fortuite, croient les experts. «Avec cette démonstration de capacité nucléaire, l'Iran veut se positionner pour les négociations du 1er octobre», dit la politologue Marie-Joëlle Zahar, spécialiste du Moyen-Orient.

Jeudi prochain, les représentants des cinq pays dotés du droit de veto au Conseil de sécurité, en plus de ceux de l'Allemagne, doivent rencontrer leurs homologues iraniens à Genève. But de la rencontre: faire monter la pression sur Téhéran et inciter le gouvernement iranien à respecter le traité de non-prolifération nucléaire, faute de quoi il s'exposera à des sanctions.

«Les Iraniens veulent entrer dans cette négociation en position de force», renchérit Houchang Hassan-Yari, du Collège militaire royal du Canada. Signataire du traité de non-prolifération, l'Iran avait l'obligation de révéler tout nouveau projet nucléaire, ce qu'il n'a finalement fait que lorsqu'il a été acculé au mur par Washington, explique M. Hassan-Yari. Comme chaque fois qu'il se retrouve dans l'embarras, Téhéran bombe le torse et exhibe sa puissance.

Les événements des derniers jours relèvent d'«une forme de gesticulation politique», note Michel Fortmann, spécialiste des questions nucléaires à l'Université de Montréal. Mais en même temps, fait-il valoir, l'Iran s'est dit ouvert à accueillir des inspecteurs internationaux, dans un avenir rapproché, dans sa nouvelle usine. D'une certaine manière, Téhéran souffle un peu le chaud et le froid, note M. Fortmann. «Il veut montrer qu'il n'est pas menaçant, mais qu'il peut se défendre.»

Les missiles Shahab-3 testés hier ont une portée de 2000 km. Ils pourraient atteindre Tel-Aviv ou encore l'Arabie Saoudite et les bases américaines dans le golfe Persique.

Fait à ne pas oublier, le message de Téhéran ne vise pas seulement la communauté internationale; il s'adresse aussi à la société iranienne elle-même, tient à souligner Marie-Joëlle Zahar. Pour ce régime fragilisé par des élections contestées, la question nucléaire est une véritable aubaine politique: «Peu importe leur allégeance, les Iraniens croient que leur pays devrait avoir le droit de mettre en place un programme nucléaire au même titre que d'autres nations.»