Au moins quatre civils ont été tués dimanche dans l'ouest de l'Afghanistan, lorsqu'une voiture piégée a explosé au passage du convoi du ministre afghan de l'Energie, Mohammad Ismaïl Khan, un ancien commandant moudjahidine, qui en est sorti indemne, ont annoncé les autorités afghanes.

L'attaque, revendiquée par les talibans, a eu lieu vers 08H30 (minuit HAE) dans la ville de Herat, capitale de la province éponyme.

«Quatre personnes ont été tuées, dont une femme et un enfant. Et 17 personnes ont été blessées», a déclaré à l'AFP Abdul Raouf Ahmadi, porte-parole de la police pour l'ouest du pays.

Le gouvernorat de Herat a confirmé ce bilan.

Parmi les blessés figurent trois gardes du ministre, légèrement touchés, qui ont été hospitalisés, a précisé Naqibullah Arwin, le porte-parole du gouvernorat.

Le ministre, indemne, est rentré à Kaboul, selon la police.

«Nous ne savons pas encore si c'était une attaque suicide», a déclaré Zemaraï Bashary, le porte-parole du ministère de l'Intérieur.

Des témoins ont affirmé à un correspondant de l'AFP sur place que l'explosion avait été déclenchée par un kamikaze au volant d'une voiture.

Zabihullah Mujahed, un des porte-parole habituels des talibans, a revendiqué l'attaque. «C'est notre travail. La cible était Ismaïl Khan. Il s'agissait d'un kamikaze dans une voiture», a-t-il dit, affirmant que le ministre «a été tué avec quatre de ses hommes».

Outre la voiture qui contenait la bombe, d'autres véhicules civils, deux maisons et plusieurs gros conteneurs métalliques ont été gravement endommagés par l'explosion, et un arbre a été brisé par le souffle, a constaté le correspondant de l'AFP.

Originaire de Herat, dont il a été le gouverneur, le ministre de l'Energie, Mohammad Ismaïl Khan, est un ancien commandant moudjahidine. Il était l'un des leaders de la résistance afghane lorsque les Soviétiques occupaient le pays (1979-1989).

Ce Tadjik est populaire pour avoir réussi à maintenir l'ordre à Herat même pendant la sanglante guerre civile afghane (1992-1996), qui avait mis le reste du pays à feu et à sang.

Il avait aussi combattu avec un certain succès les talibans, avant leur arrivée au pouvoir et pendant leur règne (1996-2001). Il avait finalement été capturé et emprisonné en 1997, après une trahison du chef de guerre ouzbek Abdul Rachid Dostom. Mais il avait réussi à s'enfuir en 1999 et repris le combat.

En juillet 2008, il avait été mis en cause par un journaliste de la télévision afghane, qui l'avait accusé de corruption lors d'une émission sur la chaîne privée Ariana TV.

L'émission avait été interrompue en cours de diffusion, à la demande des autorités, et le journaliste Nasir Fayaz, arrêté par la Direction nationale pour la sécurité (NDS, les services de renseignements afghans), avait passé deux jours en prison.

Les violences des insurgés afghans, parmi lesquels les talibans chassés du pouvoir fin 2001 par une coalition emmenée par les États-Unis, ont redoublé d'intensité depuis deux ans malgré la présence de 100 000 soldats étrangers, et atteignent ces derniers mois des records absolus depuis la chute des talibans.

Des attentats, parfois suicides, visent régulièrement les forces de sécurité afghanes et internationales et les représentants gouvernementaux, et les civils sont le plus souvent les victimes de telles attaques.