L'Iran a de nouveau tenté dimanche de rassurer les Occidentaux sur le caractère pacifique de son nouveau site nucléaire, quelques heures après avoir montré sa force de frappe en réalisant des tirs de missiles au cours d'exercices militaires. Sceptique, Washington estime que Téhéran s'expose à des sanctions plus sévères des Nations unies.

«Je ne crois pas qu'ils puissent présenter des preuves convaincantes de ce que leur programme est uniquement pacifique, mais nous allons les mettre à l'épreuve», a dit la chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton, sur la chaîne CBS, à quatre jours de l'ouverture de nouvelles négociations, à Genève.

L'Iran aurait révélé l'existence du deuxième centre d'enrichissement d'uranium «si celui-ci avait un usage pacifique», estime aussi Mme Clinton.

«Ils disent aujourd'hui avec insistance que ce centre a un usage pacifique (...). Ne l'affirmez pas. Prouvez-le», assène la ministre, souvent classée parmi les durs de l'administration Obama en matière de politique étrangère.

Dans une entrevue parallèle à CNN, son collègue à la Défense Robert Gates a fait valoir que de nouvelles sanctions économiques contre l'Iran pourraient être plus efficaces qu'une intervention militaire, du fait des profondes divisions sociales et politiques du pays.

«La réalité, c'est qu'il n'existe aucune option militaire plus efficace que le fait de gagner du temps», a déclaré le chef du Pentagone sur CNN. Selon lui, la révélation vendredi de l'existence d'une deuxième centrale iranienne d'enrichissement d'uranium affaiblit Téhéran.

«Les Iraniens sont dans une très mauvaise posture face à toutes les grandes puissances, à cause de cette duplicité. Et il y a évidemment une occasion pour des sanctions supplémentaires sévères», a-t-il expliqué. Le soutien de la Chine, alliée de l'Iran, est «clairement important» pour obtenir ces sanctions aux Nations unies, estime M. Gates.

Tensions politiques

Selon lui, de nouvelles sanctions pourraient convaincre Téhéran de revenir sur ses choix nucléaires, car le pays fait déjà face à des difficultés économiques. Les tensions politiques nées de la réélection controversée de Mahmoud Ahmadinejad sont toujours «latentes», et le chômage des jeunes tourne autour de 40%, a-t-il noté.

«Il est clair qu'à la suite des élections il existe des fissures relativement profondes dans la société et la classe politique iraniennes, et probablement même au sein du pouvoir, a affirmé Robert Gates. Franchement, je pense que c'est une des raisons pour lesquelles des sanctions économiques supplémentaires et spécialement sévères pourraient avoir un véritable impact.»

Encore dimanche, le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA) Ali Akbar Salehi a soutenu que son pays n'avait pas l'intention d'enrichir à plus de 5% d'uranium 235, soit un taux compatible avec des activités nucléaires civiles, dans une nouvelle usine en construction près de Qom (centre). L'Iran dispose déjà d'une usine d'enrichissement à Natanz (Centre). «Si nous avions voulu faire de l'enrichissement à un niveau élevé, nous n'aurions pas annoncé» l'existence de cette usine à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), a-t-il soutenu.

Le programme actuel de l'Iran permet d'enrichir l'uranium à 5%. Il faut du combustible composé à 90% d'uranium 235 (fissible) pour fabriquer une bombe atomique.

Pour sa part, le représentant de l'Iran auprès de l'agence onusienne, Ali Asghar Soltanieh a répondu aux critiques des pays occidentaux, qui ont sommé l'Iran de s'expliquer sur cette usine, assurant avoir informé le 21 septembre l'AIEA de l'existence du second site qui sera opérationnel dans 540 jours, alors que Téhéran n'était légalement pas tenu de le faire.

Missiles

Sur le plan militaire, l'Iran a tiré trois types de missiles de courte portée dimanche matin au début d'exercices militaires appelés «Grand prophète 4», selon la télévision en langue anglaise Press-TV.

Selon la chaîne, il s'agit de missiles Tondar (portée de 150 km), Fateh 110 (200 km) et Zelzal (jusqu'à 400 km).

Le commandant des forces aériennes des Gardiens de la révolution, Hossein Salami, a précisé que des tirs de missiles Shahab-1 et 2 (de portée moyenne) seraient effectués dimanche soir, avant des tirs de Shahab-3 lundi. Le Shahab-3, d'une portée d'environ 2 000 km, est capable d'atteindre Israël.

«Nos missiles ne représentent pas de menaces pour nos voisins», a-t-il toutefois souligné.