Le chef de la majorité parlementaire au Liban, Saad Hariri, a lancé jeudi de nouvelles consultations dans sa deuxième tentative de former un gouvernement depuis les législatives de juin, qui cette fois-ci pourrait aboutir selon les observateurs.

Le 16 septembre, M. Hariri, 39 ans, a été de nouveau chargé par le chef de l'État Michel Sleimane de former un gouvernement, près d'une semaine après avoir renoncé à former un cabinet d'union en raison du rejet par l'opposition menée par le Hezbollah chiite de sa liste de ministres. Fils de l'ex-premier ministre assassiné Rafic Hariri, il a entamé ses consultations par un entretien à Beyrouth avec le chef du Parlement Nabih Berri, dont le mouvement Amal est l'un des piliers de l'opposition soutenue par la Syrie et l'Iran.

Il doit rencontrer jusqu'à mardi les autres formations.

Le camp de M. Hariri, soutenu par l'Occident et l'Arabie saoudite, a remporté les législatives de juin. Désigné le 27 juin pour former un cabinet d'union, il avait jeté l'éponge après deux mois et demi de difficiles tractations en accusant l'opposition de lui mettre des bâtons dans les roues.

Il n'avait pas alors réussi à recueillir un accord sur une formule proposant 15 ministres de son camp, dix de l'opposition et cinq autres nommés par le président de la République.

Les négociations avaient surtout bloqué sur les noms de ministres et la nature des ministères accordés à l'opposition. La majorité a accusé l'allié chrétien du Hezbollah, Michel Aoun, de vouloir, entre autres, maintenir son gendre Gebrane Bassil au portefeuille des Télécommunications.

On ignorait si M. Hariri envisageait de s'en tenir à la même formule.

Le gouvernement d'union est une revendication de l'opposition qui refuse que la majorité s'arroge les décisions importantes, notamment sur la question délicate de l'arsenal du Hezbollah.

Selon des analystes, un succès de M. Hariri dépendrait d'une amélioration des relations entre la Syrie, ancienne puissance de tutelle au Liban, et l'Arabie saoudite.

La présence mercredi en Arabie saoudite du président syrien Bachar al-Assad à l'inauguration d'une université, et la brève poignée de mains entre l'ancien premier ministre libanais Fouad Siniora et M. Assad lors de cette cérémonie, ont ravivé les espoirs d'une détente entre les deux puissances régionales.

«Assad fait un pas vers le roi Abdallah et le Liban en attend les effets favorables», écrit jeudi le journal libanais As-Safir, proche de l'opposition.

Le quotidien An-Nahar, proche de la majorité, cite Fouad Siniora selon qui la présence de M. Assad mercredi est «une très bonne initiative».

La chaîne de télévision Al-Manar du Hezbollah est au diapason, estimant que c'était «de bon augure» pour la formation du gouvernement.

Selon Paul Salem, dirigeant du Centre Carnegie pour le Moyen-Orient, «même une brève rencontre (entre MM. Siniora et Assad) est utile car cela calme les tensions et indique une nouvelle orientation».

Toutefois, souligne-t-il à l'AFP, «les obstacles restent et ils sont même plus difficiles que la première fois».

Mais il minimise les risques de détérioration de la situation, s'attendant «que les choses bougent dans les prochaines semaines, avec une aide extérieure».

L'impasse gouvernementale avait ravivé la tension dans le pays plus d'un an après des affrontements sanglants entre les deux bords en 2008.