Le chef de la majorité au Liban Saad Hariri a été de nouveau chargé de former un gouvernement d'union, près d'une semaine après y avoir renoncé en raison de divergences persistantes avec le camp mené par le Hezbollah, a annoncé mercredi la présidence de la République.

«À la suite des consultations contraignantes avec les députés, le président de la République (Michel Sleimane) (...) a chargé Saad Hariri de former un gouvernement», a annoncé la présidence dans un communiqué dont l'AFP a obtenu une copie.

Au terme de ces consultations de deux jours entre M. Sleimane et les membres du Parlement, le fils de l'ancien premier ministre assassiné Rafic Hariri a obtenu 73 voix, soit l'ensemble de la majorité soutenue par l'Occident et les voix de deux députés arméniens de la minorité menée par le Hezbollah chiite.

Le Hezbollah et ses autres alliés -dont le mouvement Amal du président du Parlement Nabih Berri- se sont abstenus de proposer le nom de M. Hariri à ce poste réservé aux musulmans sunnites.

La désignation de M. Hariri, désigné une première fois le 27 juin, ne devrait pas mettre fin à l'impasse gouvernementale, qui ravive la tension dans le pays plus d'un an après des affrontements sanglants entre partisans des deux bords.

Jeudi dernier, Saad Hariri, 39 ans, avait annoncé qu'il renonçait à former un gouvernement d'union, accusant la minorité, qui est appuyée par Damas et Téhéran, d'avoir entravé ses efforts en rejetant une liste de ministres qu'il venait de proposer au président Sleimane.

Les discussions ont jusque-là bloqué sur les noms de ministres et la nature des ministères accordés à la minorité, la majorité accusant l'allié chrétien du Hezbollah, Michel Aoun, de mettre des bâtons dans les roues en voulant, entre autres, maintenir son gendre Gebrane Bassil aux Télécommunications. Cette demande a été rejetée par M. Hariri.

Les deux camps s'accusent mutuellement de blocage, la majorité estimant que le minorité est inféodée à Damas et Téhéran, tandis que celle-ci accuse l'autre camp d'obéir aux ordres de Washington et de Riyad.

Le gouvernement d'union est une revendication de la minorité qui refuse que la majorité s'arroge les décisions importantes, notamment sur la question délicate de l'arsenal du Hezbollah.

Le Liban a connu une période de calme au cours de l'année, attirant un nombre record de touristes durant l'été, mais l'impasse actuelle fait craindre une résurgence de la crise qui avait éclaté fin 2006 et atteint son paroxysme en mai 2008 avec des heurts sans précédent depuis la fin de la guerre civile (1975-1990).

Cette crise, qui était également axée sur le partage de pouvoir, avait été désamorcée avec la signature de l'accord interlibanais de Doha le même mois.

Le Qatar a proposé jeudi dernier d'accueillir une nouvelle conférence.