La Commission électorale afghane a rendu publics samedi de nouveaux résultats partiels de l'élection présidentielle du 20 août, qui donnent une large avance au chef de l'État sortant Hamid Karzaï, crédité de 54% des suffrages devant 28% à son rival Abdullah Abdullah. Mais la Commission des plaintes, instance soutenue par les Nations unies, poursuit son enquête sur les allégations de fraude, l'ONU soulignant de son côté qu'il n'y a «pas encore de vainqueur».

Les derniers résultats de la Commission électorale afghane portent sur 93% des bureaux de vote; 5% des bulletins restent à compter, et le reste fait l'objet d'enquêtes en raison d'allégations de fraudes. La Commission des plaintes électorales, une instance soutenue par les Nations unies, se penche en effet sur les bulletins de plusieurs centaines de bureaux de vote où des fraudes ont été signalées -bourrage des urnes, taux de participation parfois supérieurs à 100% des électeurs inscrits, bureaux de vote fictifs, notamment.

Ceci a conduit jeudi la Commission à annuler des milliers de voix entachées de fraude provenant de régions où Hamid Karzaï bénéficie d'un large soutien. L'invalidation d'un nombre suffisant de voix pourrait faire passer le président sortant sous la barre des 50% et ainsi entraîner la tenue d'un second tour.

Daoud Ali Najafi, chef de la Commission électorale afghane, a fait savoir samedi que des membres des deux commissions se rencontreraient dimanche pour établir un calendrier en vue de la publication des résultats définitifs, initialement attendus fin septembre.

L'ancien ministre des Affaires étrangères Abdullah Abdullah a affirmé que le scrutin avait été marqué par des fraudes «orchestrées par l'État», et que l'ampleur de la tricherie contraindrait Hamid Karzaï à un second tour. Il a par ailleurs fait savoir qu'il ne participerait pas à un gouvernement Karzaï, une hypothèse envisagée par les pays occidentaux pour trouver une solution à la situation actuelle en Afghanistan.

«Il n'y a pas encore de vainqueur», a souligné samedi Alim Siddique, un porte-parole de la mission des Nations unies en Afghanistan. «La Commission électorale afghane doit encore procéder à un nouveau décompte partiel dans les circonscriptions suspectes. Elle doit également annuler les résultats provenant des bureaux de vote où il y a des irrégularités avérées, comme l'a ordonné la Commission des plaintes électorales», a-t-il ajouté en soulignant que les résultats ne pourront pas sinon être validés.

L'émissaire américain pour l'Afghanistan et le Pakistan, Richard Holbrooke, a demandé cette semaine aux observateurs d'attendre la fin du dépouillement et des enquêtes sur les fraudes présumées avant de se prononcer sur la crédibilité du vote. La Commission des plaintes électorales a en théorie le pouvoir d'ordonner un nouveau vote, mais M. Holbrooke doute de ce scénario. «Cela ne m'apparaît pas comme une option très viable», a-t-il estimé.