Les grandes puissances chargées de discuter du programme nucléaire controversé de l'Iran se montraient sceptiques jeudi sur ses nouvelles propositions pour reprendre les négociations, alors que Téhéran a réitéré son refus de suspendre son programme d'enrichissement d'uranium.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, avait remis la veille aux représentants du Groupe des Six (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Russie, Chine et Allemagne) un paquet de propositions visant à sortir de l'impasse.

Les Occidentaux soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme atomique sous couvert d'un programme nucléaire civil, ce que dément Téhéran.

Malgré six années d'enquête, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) n'est pas en mesure de dire si le programme nucléaire iranien est totalement pacifique, alors que les Etats-Unis soupçonnent l'Iran d'être proche de se doter des moyens de fabriquer la bombe atomique.

Mojtaba Samareh Hachemi, un proche conseiller du président Mahmoud Ahmadinejad, a critiqué jeudi ces soupçons.

Il a aussi levé un coin du voile sur les propositions, admettant implicitement que l'Iran n'offrait pas de cesser l'enrichissement d'uranium.

Ali Asghar Soltanieh, le représentant de l'Iran à l'AIEA, avait déjà opposé une nouvelle fin de non-recevoir aux Occidentaux sur cette question.

Le régime de Téhéran, explique M. Hachemi dans une interview au quotidien américain Washington Post, veut concevoir, «avec la coopération de tous les pays, un cadre international empêchant la recherche, la production, la détention et la multiplication des armes nucléaires, et qui aille aussi vers la destruction des armes nucléaires actuelles».

Selon un responsable de la diplomatie américaine s'exprimant sous couvert de l'anonymat, «il n'y a vraiment rien de nouveau dans le paquet lui-même», et «la vraie question est de savoir ce qu'il y a derrière ces propositions, s'il y a une vraie volonté de dialogue».

Scepticisme aussi à Paris : «L'intérêt des Iraniens est de gagner du temps afin de pouvoir produire plusieurs bombes nucléaires», a noté un diplomate français, lui aussi sous couvert d'anonymat.

Les Etats-Unis ont souligné que l'Iran avait souvent manqué à ses obligations sur le nucléaire, notant que les propositions iraniennes «ne tienn(ent) pas vraiment compte de notre plus grande inquiétude, qui est à l'évidence le programme nucléaire de l'Iran».

Le département d'Etat a annoncé que le Groupe des Six, qui s'était déjà concerté mercredi, tiendrait samedi une nouvelle réunion téléphonique.

L'objectif, dit-on à Washington, est de tester «la réalité de la volonté de l'Iran de discuter».

Moscou a estimé pour sa part qu'il y avait «matière à creuser» dans les nouvelles propositions iraniennes, soulignant que le document était «très argumenté», mais nécessitait une «expertise», tandis que la Chine a dit vouloir «multiplier les efforts diplomatiques» en vue de «trouver un règlement général (...) de cette question».

Les responsables iraniens assurent régulièrement que Téhéran accepte de reprendre les négociations pour parler des grands problèmes dans le monde, mais non pour discuter d'une suspension de son programme nucléaire.

Le ministre iranien des Affaires étrangères a réitéré cette position en remettant le document aux grandes puissances.

Celles-ci ont donné à l'Iran jusqu'à fin septembre pour entamer des négociations sur son programme nucléaire ou essuyer de nouvelles sanctions.

Téhéran fait l'objet de cinq résolutions du Conseil de sécurité demandant un gel de son programme d'enrichissement, dont trois assorties de sanctions.