Des hauts responsables des six grandes puissances qui cherchent à empêcher l'Iran de se doter de l'arme nucléaire se retrouvaient mercredi en Allemagne alors que les pays occidentaux menacent de recourir à de nouvelles sanctions contre Téhéran d'ici la fin du mois.

La réunion, à huis-clos dans les environs de Francfort, se déroule au niveau des directeurs politiques des ministères des Affaires étrangères des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU -États-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne- et de l'Allemagne.

«Prenant en compte le dernier rapport de l'AIEA (Agence internationale pour l'énergie atomique), le moment est venu de discuter d'une nouvelle approche vis-à-vis du programme nucléaire iranien,» a indiqué dans un communiqué le ministre des Affaires étrangères allemand Frank-Walter Steinmeier.

La réunion de mercredi n'a pas pour but «de prendre des décisions concrètes», mais plutôt «de faire ensemble un état des lieux aux vues des élections en Iran et du rapport de l'AIEA», indique-t-on de sources diplomatiques à Berlin.

Des élections controversées ont vu la réélection en juin du président iranien Mahmoud Ahmadinejad, tandis que l'AIEÀ affirmait fin août qu'en dépit d'améliorations sur la transmission d'informations et les visites inopinées de sites nucléaires, Téhéran n'a pas répondu aux questions concernant la nature militaire supposée de son programme.

«Sur la base de ce que nous avons vu, il paraît clair que l'Iran continue à ne pas coopérer pleinement et poursuit ses activités d'enrichissement» d'uranium, selon le porte-parole du département d'État américain Ian Kelly.

Le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière Angela Merkel ont vivement critiqué l'Iran lundi, à l'issue d'une rencontre à Berlin, avertissant Téhéran qu'il devait prendre au sérieux les menaces de sanctions renforcées.

Les chefs d'État et de gouvernement des grandes puissances devraient discuter de telles mesures en marge de la réunion annuelle de l'assemblée générale de l'ONU à New York, puis au sommet du G-20 à Pittsburgh (États-Unis) les 24 et 25 septembre, selon les responsables diplomatiques.

Après de premières sanctions en 2005, 2006 et 2007, la communauté internationale envisage des mesures ciblant le secteur énergétique iranien, selon Mme Merkel.

D'après le quotidien américain New York Times, les États-Unis veulent interdire les ventes d'essence à l'Iran.

Bien que grand exportateur de pétrole brut, l'Iran ne dispose pas de capacités de raffinage suffisantes et dépend d'importations pour 40% de son essence.

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a toutefois averti mardi que le problème iranien ne pouvait être résolu que par des processus politiques et diplomatiques.

«Le meilleur moyen de peser de l'extérieur sur la prise de décisions concernant l'Iran consiste non pas à isoler Téhéran ou à le menacer d'un recours à la force, mais à l'impliquer dans une importante coopération internationale», selon le ministre.

Toujours mardi, le principal négociateur du dossier nucléaire iranien, Saïd Jalili, a annoncé que Téhéran, qui dément poursuivre un programme nucléaire à des fins militaires, allait présenter des propositions en vue de négociations avec les grandes puissances.

«Avec force, en utilisant ses capacités nationales et régionales, la République islamique d'Iran est prête à coopérer pour lever les inquiétudes communes internationales», selon M. Jalili.