Au moins 36 civils ont été tués et 64 blessés mardi soir dans un attentat suicide au camion piégé perpétré dans le centre de Kandahar, la grande ville du sud afghan, ont annoncé les autorités locales.

Il s'agit de l'explosion la plus meurtrière en Afghanistan depuis l'attentat suicide qui avait touché l'ambassade indienne à Kaboul, le 7 juillet 2008, tuant plus de 60 personnes.

La bombe a explosé peu après 19h00 (10h30 HAE) dans une rue très passante, près d'un vaste complexe comportant une salle de réception pour mariages, des boutiques et un hôtel.

Au moins dix bâtiments résidentiels ont été ravagés par l'explosion, énorme selon les témoins, et les secours s'efforçaient, dans la nuit tombée, de dégager les civils coincés sous les décombres.

«Nous avons jusqu'à présent 36 morts et 64 blessés, tous civils», a annoncé le général Ghulam Ali Wahdad, commandant de la police de la zone sud de l'Afghanistan, sans pouvoir préciser la nature des victimes, hommes, femmes ou enfants.

«La police est toujours à la recherche de corps dans les décombres» des bâtiments détruits, a ajouté le policier.

«J'ai senti d'abord comme un tremblement de terre. Le courant a été coupé, puis le son d'une énorme explosion a suivi», a raconté Agha Lalaï, membre du conseil provincial de Kandahar.

L'attentat a eu lieu près d'un hôtel fréquenté par des étrangers, du quartier général des services de renseignements provinciaux, et à moins d'un kilomètre de la maison d'Ahmad Wali Karzaï, chef du conseil provincial et frère du président afghan Hamid Karzaï.

«Il s'agissait d'un camion suicide, ou d'un camion-citerne visant la société japonaise Cita, qui construit des routes à Kandahar», a déclaré Ahmad Wali Karzaï.

«Les Japonais n'étaient pas là, mais il se peut que les ouvriers afghans et pakistanais se trouvaient dans le bâtiment. Les portes et les fenêtres ont explosé dans un rayon d'un kilomètre, faisant beaucoup de victimes», a-t-il dit.

«C'était un camion piégé qui a fait toutes ces victimes et tous ces dégâts. À ce stade, nous ne savons pas quelle était la cible. Nous enquêtons», a déclaré Fazel Ahmad Shaïrzad, chef adjoint de la police de Kandahar.

L'attentat a eu lieu à l'heure à laquelle les gens rentrent généralement chez eux pour rompre le jeûne du Ramadan, entamé vendredi dernier.

Le ministère de l'Intérieur a confirmé au moins une explosion, indiquant que l'attentat avait fait des dizaines de morts et plus de 50 blessés.

«Cela a eu lieu au centre de la ville. Plus de dix maisons sont détruites. La plupart des victimes se trouvaient dans ces maisons», a dit Zemaraï Bashary, porte-parole du ministère. «Toutes les victimes recensées pour le moment sont des civils», a-t-il ajouté.

L'attentat n'a pas été revendiqué mais M. Bashary l'a imputé aux talibans.

Les civils sont les premières victimes du conflit afghan. Plus de 1000 ont été tués pendant les six premiers mois de l'année, selon l'ONU.

Kandahar est la capitale de la province éponyme, souvent visée par des attaques et attentats des talibans. Les attentats suicide, réguliers à Kandahar ces dernières années, se faisaient plus rares dernièrement.

Le régime des talibans (1996-2001) en avait fait sa capitale.