Sous pression de Washington, Israël est disposé à freiner temporairement la colonisation en Cisjordanie en stoppant les appels d'offres à la construction de logements jusqu'au début 2010, ce qui n'empêcherait toutefois pas la poursuite des projets privés.

Le premier ministre Benjamin Netanyahu envisage de prolonger ainsi la suspension des appels d'offres en place depuis plusieurs mois, y compris à Jérusalem-est (annexée après sa conquête en juin 1967), ont fait savoir des hauts responsables gouvernementaux. Cette annonce survient une semaine avant une nouvelle rencontre censée porter sur un gel de la colonisation, prévue à Londres, entre M. Netanyahu et l'envoyé spécial américain pour le Proche-Orient George Mitchell. Le président américain Barack Obama a d'ailleurs félicité mardi Israël pour son «geste dans la bonne direction» concernant les colonies, et a de nouveau appelé les pays arabes et les Palestiniens à faire un geste envers l'État hébreu.

Cette annonce d'Israël a toutefois aussitôt rejetée par les Palestiniens comme une manoeuvre visant à masquer la poursuite de la colonisation sur le terrain via des organismes privés ou relevant de municipalités (mais largement subventionnés par l'État).

«Israël doit cesser toutes les activités de colonisation sans exception. Il ne fait que lancer des ballons d'essai et nous sommes habitués à ce genre de tromperies», a déclaré à l'AFP le négociateur palestinien Saëb Erakat.

À l'opposé, l'aile la plus à droite du gouvernement Netanyahu a exprimé son désaccord.

«J'espère bien qu'il s'agit d'une rumeur sans fondement, vu qu'une telle décision serait tout à fait inacceptable», a estimé le vice-ministre des Affaires étrangères Danny Ayalon, du parti ultra-nationaliste Israël Beiteinou dirigé par le chef de la diplomatie Avigdor Lieberman.

Pour leur part, des représentants des colons dénoncent depuis des mois le coup d'arrêt à la construction donné, selon eux, par un gouvernement qu'ils ont contribué à porter au pouvoir.

M. Netanyahu s'est mis d'accord avec son ministre de la Défense Ehud Barak et le ministre de l'Habitat Ariel Attias pour dire aux États-Unis qu'Israël est prêt à faire ce geste, ont précisé des hauts responsables de ces ministères.

Une telle décision doit encore être approuvée par le gouvernement. Elle prolongerait l'arrêt de facto des appels d'offres du ministère de l'Habitat -mais non les projets de construction privés- en cours depuis neuf mois.

«Nous estimons qu'il n'y a aucune raison de provoquer des tensions dans nos relations avec les États-Unis et nous sommes disposés à faire un geste», a déclaré un haut responsable qui a requis l'anonymat.

«Depuis l'entrée en fonction du gouvernement Netanyahu, pas un seul appel d'offre n'a été lancé par le ministère de l'Habitat», a déclaré un autre officiel.

À titre de comparaison, Israël avait lancé 417 appels d'offres de construction dans les colonies de Cisjordanie et 171 pour Jérusalem-est durant les huit premiers mois de l'année 2008, marquée par une intensification spectaculaire de la colonisation.

Le mouvement israélien La Paix Maintenant, opposé à la colonisation, a confirmé l'arrêt des appels d'offres depuis plusieurs mois. Mais ce mouvement a souligné que «même en cas d'arrêt total des appels d'offres de la part du gouvernement, au moins 60% de la construction dans les colonies continuerait».

«Israël a stoppé les appels d'offres depuis mai 2009, aussi bien en  Cisjordanie qu'à Jérusalem-est», a déclaré à l'AFP Mme Hagit Ofran, chargée du dossier de la colonisation à La Paix Maintenant.

«L'arrêt des appels d'offres ne concerne cependant pas la construction en cours de plus d'un millier de logements», a-t-elle souligné.

Quelque 300000 colons israéliens vivent en Cisjordanie et près de 200000 autres se sont installés dans une douzaine d'implantations érigées à Jérusalem-est.

Washington exige en vain d'Israël un gel total de la colonisation en vue d'une reprise des négociations de paix avec les Palestiniens.