La troisième audience collective des «fauteurs de troubles» post-électoraux en Iran s'est déroulée samedi à Téhéran, selon l'agence de presse officielle IRNA. Un total de 25 personnes sur la centaine inculpées ont comparu devant le tribunal révolutionnaire.

L'audience s'est ouverte avec la projection d'un film montrant des manifestants qui s'en prenaient à des biens publics, des voitures et une mosquée. Le procureur a lu l'acte d'accusation collectif selon lequel les 25 suspects fomentaient les troubles post-électoraux depuis plusieurs années.

Les manifestations contre la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad le 12 juin se sont soldées par au moins 30 morts et des centaines d'arrestations, selon les autorités, beaucoup plus selon l'opposition et des défenseurs des droits de l'Homme iraniens ou étrangers qui dénoncent des rafles de dissidents. Le chef de file des réformateurs, Mir Hossein Moussavi, qui revendique la victoire au scrutin, n'a pas été arrêté.

Parmi les accusés présentés dimanche au tribunal se trouvait un jeune juif, selon l'agence de presse semi-officielle Fars. Yaghoghil Shaolian, 19 ans, a nié avoir participé aux manifestations mais a avoué avoir jeté des pierres sur une agence bancaire à Téhéran le 14 juin, ce qui lui a valu d'être arrêté. Il s'est défendu d'être militant et a assuré ne pas avoir voté à la présidentielle du 12 juin.

Le seul député juif au Parlement iranien, Siamak Mereh Sedq, a confirmé que le jeune homme était juif mais cela n'entre pas en compte dans cette affaire, d'après lui. «Je suis son dossier depuis que nous savons qu'il est détenu. Il est innocent et nous espérons qu'il sera bientôt relâché en vertu de l'indulgence musulmane», a expliqué l'élu.

C'est la première fois qu'un juif est jugé en Iran depuis le procès de 13 juifs accusés d'espionnage au profit d'Israël en 2000. L'Iran compte environ 25.000 juifs, ce qui en fait la plus grande communauté juive du Proche et du Moyen-Orient, hors Israël.

L'agence IRNA a par ailleurs écrit que l'un des suspects, Mehrdad Aslani, avait accusé Mir Hossein Moussavi et d'autres réformateurs d'avoir manipulé leurs partisans en leur faisant croire à une fraude électorale. «M. Moussavi, savez-vous qu'il y a des sièges ici pour vous et vos amis qui êtes la cause de cette conspiration?», a-t-il lancé, selon IRNA.

Lors de la précédente audience samedi dernier, la jeune Française Clotilde Reiss, 24 ans, et l'employée franco-iranienne de l'ambassade de France à Téhéran, Nazak Afshar, avaient comparu. Mme Afshar a été depuis libérée sous caution et le père de Clotilde Reiss espère que sa fille le sera aussi bientôt. La jeune femme n'a pas comparu dimanche.

La première audience de réformateurs et de leurs partisans présumés s'est tenue le samedi 1er août. De nombreux accusés ont docilement reconnu les faits de subversion, conspiration contre le système ou violences qui leur étaient reprochés, dans des confessions télévisées que le pouvoir a largement diffusées.

Samedi, le Guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei a nommé un religieux conservateur à la tête du pouvoir judiciaire iranien à l'expiration du mandat de son prédécesseur. Sadeq Larijani, nommé pour cinq ans, va devoir gérer les procès en cours et répondre aux accusations de l'opposition selon laquelle des manifestants ont été torturés à mort ou violés dans les prisons. M. Larijani prendra officiellement ses fonctions lundi.