Le chef de la diplomatie israélienne Avigdor Lieberman s'est engagé lundi à démissionner de ses fonctions s'il était inculpé de corruption, menaçant du même coup la stabilité du gouvernement Netanyahu.

Des commentateurs de la presse israélienne estiment cependant qu'une telle démission aura peu d'incidence sur le cours des pourparlers avec les Palestiniens, en raison du rôle limité dans ce domaine alloué au ministre ultra-nationaliste par le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

«C'est la décision du conseiller juridique du gouvernement qui va compter. S'il décide de m'inculper après m'avoir entendu, je démissionnerai, et dans les quatre ou cinq mois suivants je renoncerai à mes fonctions de député», a-t-il déclaré aux journalistes réunis au Parlement.

Au terme d'une enquête de plus d'une décennie, la police a indiqué qu'elle allait recommander au Procureur de l'État, Menahem Mazouz, d'engager des poursuites contre M. Lieberman pour «corruption, fraude, blanchiment d'argent, subornation de témoins et entrave à la justice».

Selon la procédure, M. Mazouz devrait faire savoir dans les prochains mois s'il entend donner suite à ces recommandations et, le cas échéant, entendre alors M. Lieberman, 51 ans, avant de l'inculper.

«Il est de tradition que le Procureur accompagne de très près les enquêtes de la police lorsqu'elles concernent des personnalités politiques», a indiqué à l'AFP une responsable du ministère de la Justice sous condition d'anonymat.

Selon des médias israéliens, plusieurs millions de dollars auraient été versés de l'étranger à M. Lieberman via des sociétés écran et divers comptes bancaires pour financer ses campagnes électorales. Il risquerait jusqu'à 31 ans de peines cumulées de prison et pourrait donc jouer la montre en usant d'artifices de procédure pour tabler sur la fin du mandat de M. Mazouz en janvier 2010, a estimé une source policière.

Chef du parti ultranationaliste Israël Beiteinou, le troisième en importance avec 15 députés sur 120 à la Knesset, M. Lieberman plaide son innocence et se dit «harcelé» par la police. Depuis sa nomination en avril à la tête de la diplomatie, M. Lieberman a  multiplié les missions à l'étranger, notamment aux États-Unis, en Europe, en Russie et tout récemment en Amérique latine, mais a partout été précédé de sa réputation d'extrémiste partisan de la manière forte.

Les Américains préfèrent traiter avec le ministre de la Défense, Ehud Barak, et le président français, Nicolas Sarkozy, a carrément conseillé au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de le limoger pour le remplacer par une personnalité plus présentable selon lui.

M. Netanyahu compte pour sa part sur un texte de loi que la Knesset doit promulguer lundi pour tenter de rallier au moins sept des 28 députés du parti d'opposition Kadima centriste de Tzipi Livni, et ainsi renforcer sa coalition.

M. Lieberman demeure en outre persona non grata en Égypte et en Jordanie, les seuls pays arabes à avoir signé la paix avec Israël, respectivement en 1979 et 1994, en raison de ses prises de position hostiles à la minorité arabe de l'État hébreu. Il n'a cependant pas dit son dernier mot. Il s'est déclaré «convaincu que l'an prochain, et dans deux ans aussi, je serai encore ministre des Affaires étrangères, et qu'aux prochaines élections nous emporterons plus de vingt mandats» de députés.