Le nombre de victimes civiles des violences en Afghanistan a encore augmenté, de 24%, sur les six premiers mois de 2009, avec l'intensification du conflit entre les forces afghanes et internationales et les rebelles talibans, a annoncé vendredi l'ONU.

«À mesure que le conflit s'intensifie et s'étend, le bilan civil s'alourdit de plus en plus», souligne la Mission d'assistance des Nations unies en Afghanistan (Unama) dans son rapport bi-annuel sur la situation des civils dans le conflit afghan.

Sur les six premiers mois de 2009, l'Unama a recensé 1013 morts de civils dues à des violences, soit 24% de plus que sur la même période de 2008.

La rébellion aurait tué 595 personnes sur les six mois, soit 59% des décès recensés, contre 310 morts imputées aux forces pro-gouvernementales (30,5%). À titre de comparaison, en 2007, les insurgés étaient responsables de 46% des tués et les forces pro-gouvernementales de 41%.

Sur les 595 morts attribuées à la rébellion, 400 ont péri dans des attentats à la bombe artisanale ou dans des attaques suicide.

Quand aux 310 morts attribuées aux forces pro-gouvernementales, elles sont essentiellement dues aux raids aériens des forces étrangères, dont l'Unama épingle au passage le manque de transparence.

Côté rebelle, «les opérations des éléments anti-gouvernementaux sont fréquemment menées sans se soucier de blesser ou tuer des civils», voire s'inscrivent «dans le cadre d'une politique active visant à entraîner une réponse militaire dans des zones où existe un risque élevé que des civils soient tués ou blessés», affirme l'Unama.

Nouvelle tactique

Le rapport note aussi un changement de tactique du côté des insurgés, qui confirme une tendance «déjà observée en 2008». Auparavant férus d'attaques frontales ou d'embuscades, les rebelles ont adopté une stratégie «de guérilla ou d'insurrection, incluant des attaques asymétriques comme les attaques suicides, les voitures piégées, les bombes placées sur les routes (...) et les assassinats ciblés», explique l'Unama.

Quant aux raids aériens des forces étrangères, ils «restent la première cause des décès civils attribués aux forces pro-gouvernementales», avec 40 bombardements qui ont tué 200 civils depuis le 1er janvier, indique l'Unama.

L'armée américaine a annoncé récemment avoir rendu plus contraignantes les règles encadrant le recours aux frappes aériennes, qui provoquent régulièrement la colère de la population afghane à cause du nombre élevé de victimes. Même si elle note «une plus grande franchise des forces militaires internationales» en 2009 sur les morts civiles, surtout de la part de l'Otan, l'Unama estime que leur «niveau de transparence» et leur «volonté de fournir des informations» restent «problématiques».

L'ONU prévient qu'en l'absence d'autres mesures préventives, le nombre de victimes civiles devrait encore augmenter face à l'intensification des opérations militaires, surtout dans le sud où les armées américaine et britannique mènent de grandes offensives.

Elle appelle donc «toutes les parties» à prendre des mesures pour faire moins de victimes civiles. Les violences en Afghanistan, où sont stationnés 90 000 soldats étrangers, ont redoublé d'intensité depuis trois ans et atteignent ces dernières semaines des records absolus, à trois semaines de la seconde élection présidentielle de l'histoire du pays.