À moins d'un mois des élections en Afghanistan, la présidence afghane a annoncé lundi qu'un accord de cessez-le-feu avec les talibans avait été signé dans un district du nord-ouest, une première au pays.

L'annonce de cet accord, signé selon la présidence dans un district de la province de Badghis, frontalière du Turkménistan, intervient au moment où les violences se multiplient dans le pays, atteignant un niveau inégalé depuis l'arrivée des troupes internationales et la chute des talibans fin 2001. Cette spirale meurtrière fait douter nombre d'observateurs de la possibilité d'avoir des élections libres et crédibles le mois prochain. «Un accord de cessez-le-feu est en vigueur depuis samedi dans le district de Bala Murghab, grâce aux efforts de médiation des responsables locaux de la province de Badghis», a annoncé à l'AFP un porte-parole du président Hamid Karzaï, Siamak Herawi.

Cet accord a été négocié pendant 20 jours. Sa signature a permis le départ des talibans de trois zones du district de Bala Murghab et leur reprise en mains par les autorités locales, a-t-il précisé. Il va permettre à ces dernières de mettre en place les infrastructures nécessaires à la tenue des élections, et aux candidats de faire campagne, a-t-il ajouté.

«Cet accord est une première dans le pays» et «un modèle que d'autres provinces et régions tentent également d'appliquer», selon lui.

Démenti

Interrogé par l'AFP, le principal porte-parole taliban, Yousuf Ahmadi, a toutefois démenti cet accord, soulignant que les rebelles n'en avaient pas besoin. «Nous n'avons aucun accord de cessez-le-feu avec les autorités», a-t-il affirmé.

La dégradation de la sécurité et l'incapacité à juguler la rébellion sont les principaux reproches, avec les accusations de corruption, adressés au président Hamid Karzaï. Porté au pouvoir par la communauté internationale à la fin 2001, puis élu en 2004, M. Karzaï est candidat à sa propre succession en août.

Le président afghan a régulièrement proposé ces dernières années aux talibans de déposer les armes en échange d'une amnistie. Mais les rebelles ont toujours refusé, en posant comme préalable à toute discussion le départ des quelque 90 000 soldats étrangers qui soutiennent le gouvernement de Kaboul face à leurs combattants.

Contrairement aux provinces du sud et de l'est afghan, Badghis n'est pas un foyer taliban. Mais elle fait partie des provinces où les rebelles ont étendu leur influence ces deux dernières années et où le niveau des violences a augmenté en conséquence.

L'annonce de cet accord intervient alors que les troupes internationales mènent plusieurs opérations militaires de grande ampleur contre les rebelles, notamment dans le sud du pays.

Dans le même temps, face à la dégradation de la situation, les alliés internationaux du président Karzaï, en particulier les États-Unis, ont multiplié les appels au dialogue avec la frange la plus modérée de la rébellion.