Deux officiers turcs, dont le commandant des forces turques en Afghanistan, ont été tués mardi dans un accident de la route dans le nord du pays, ce qui porte à plus de 200 le nombre de soldats étrangers morts cette année en Afghanistan.

Le nombre de soldats étrangers tués en Afghanistan n'a jamais été aussi haut depuis trois semaines avec les opérations américaine et britannique dans les bastions talibans du sud, et cette tendance ne devrait pas faiblir au cours des prochains mois.

 

Au moins 43 soldats étrangers, soit près de trois par jour, ont trouvé la mort depuis le début du mois de juillet dans le cadre des opérations étrangères en Afghanistan, selon le site internet indépendant icasualties.org.

 

Si cette tendance se confirme, 15 jours auront suffi à battre le record du nombre de soldats étrangers tués en un mois (46 morts, en juin et août 2008) depuis l'arrivée des troupes étrangères à la fin 2001, selon la même source. Depuis le début de l'année, 201 soldats ont été tués, contre 294 pour tout 2008, année record depuis le début de l'intervention internationale en 2001.

 

L'accélération récente s'explique principalement par le lancement des deux vastes offensives de l'OTAN dans la province du Helmand (sud), l'un des principaux foyers de la rébellion talibane, l'une britannique (3 000 soldats depuis le 23 juin) l'autre américaine (4 000 Marines depuis le 2 juillet), soutenues chacune par quelque 600 policiers et soldats afghans.

 

Depuis, le nombre des pertes occidentales s'est envolé, en raison notamment des innombrables bombes artisanales (80% des soldats tués en sont victimes) semées par les rebelles sur le chemin des alliés. Plutôt que d'engager de longs combats frontaux et risquer de lourdes pertes, les rebelles multiplient les attaques à la bombe «qui peuvent atteindre les troupes internationales et bloquer leurs mouvements», note l'analyste afghan Waheed Mujda. Une fois leurs adversaires paralysés, et donc vulnérables, «les talibans les attaquent parfois» ponctuellement, note-t-il.

 

Trois autres raisons expliquent selon lui l'ampleur des pertes occidentales: la présence dans la zone de combattants d'Al Qaeda (alliés des talibans) aguerris en Irak, le manque d'entraînement des troupes de l'Otan à combattre la guérilla, et la chaleur étouffante de l'été dans le Helmand, qui limite la marge de manoeuvre des soldats lourdement équipés.

 

Les Britanniques en sont les premières victimes, qui ont perdu 15 soldats depuis le début du mois, dont huit en 24 heures la semaine dernière.

 

«Le terrain est plus difficile pour les Britanniques que pour les Américains. Là où ils sont déployés, dans le nord du Helmand, il y a plus de canaux et peu de routes, que les insurgés ont truffés de bombes. Dans le sud, le terrain est plus facile et les Américains ont progressé plus rapidement», explique un officier de la force de l'Otan.

 

«Il semble que les insurgés ont décidé de rester défendre le nord du Helmand, alors qu'ils ont fui, ou cessé de se battre dans le sud», juge un officier américain.

 

L'analyste afghan Haroun Mir estime de son côté que «les forces britanniques ne sont pas aussi bien entraînées et équipées, notamment en véhicules blindés, que les Marines».

 

En Grande-Bretagne, l'opposition conservatrice a dénoncé une «pénurie» d'hélicoptères sur le terrain, qui contraindrait les soldats à se déplacer dans des véhicules vulnérables aux bombes rebelles placées sur les routes.

 

L'objectif des alliés est de sécuriser ces zones instables le temps de préparer les forces afghanes à prendre le relais par la suite. Mais cela va prendre au moins quelques mois. «C'est un été difficile et ce n'est pas fini, mais si nous voulons interdire le Helmand aux talibans à long terme (...) nous devons poursuivre nos opérations», a prévenu le Premier ministre britannique Gordon Brown.

 

«On va continuer à avoir des pertes importantes dans le ou les deux prochains mois», dit l'officier américain. «Mais une fois cet effort fait, on aura réussi à stabiliser ces zones pour de bon», espère-t-il.