Un groupe influent de religieux réformateurs iraniens a protesté à son tour dimanche contre la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad, alors que les autorités ont annoncé que la majorité des manifestants arrêtés lors des troubles post-électoraux avait été libérée.

Téhéran a en outre annoncé la libération d'un journaliste gréco-britannique qui travaillait pour le quotidien américain Washington Times. Iason Athanasiadis-Foden devait quitter l'Iran en soirée, selon la Grèce.

Le ministre des Affaires étrangères britannique David Miliband a déclaré de son coté qu'un huitième employé de l'ambassade de Grande-Bretagne à Téhéran, sur un total de neuf arrêtés fin juin, devait être libéré ce dimanche.

Sur le plan intérieur, l'Association des enseignants et chercheurs de l'école théologique de Qom, qui regroupe des religieux réformateurs, a mis en cause les résultats de la présidentielle du 12 juin et la légitimité du gouvernement du président Ahmadinejad.

Dans un communiqué, elle a affirmé qu'en raison des prises de position de membres du Conseil des Gardiens de la constitution en faveur de M. Ahmadinejad avant la présidentielle, cet organe n'avait «pas le droit de porter un jugement sur les élections».

Le Conseil, qui compte 12 membres, dont le porte-parole du gouvernement Gholamhossein Elham, était chargé de superviser les élections et d'en valider les résultats.

L'association estime que cet organe n'a pas pris en compte «les plaintes et les preuves solides des candidats» malheureux, en particulier Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, soutenus par les réformateurs, qui ont dénoncé des irrégularités et des fraudes.

Ces accusations ont provoqué les plus grandes manifestations de l'histoire de la République islamique, fondée en 1979, et ont divisé les dirigeants iraniens.

Les religieux réformateurs ont aussi critiqué la répression des manifestations, qui a fait au moins 20 morts, et les arrestations de manifestants, hommes politiques, analystes et journalistes.

«Dans un climat sécuritaire, on a répondu par la violence à la voix pacifique du peuple pour demander justice et malheureusement des dizaines de personnes ont été tuées ou blessées et des centaines d'autres ont été arrêtées illégalement», dit le communiqué.

«Comment peut-on affirmer qu'un gouvernement né après tant d'irrégularités est légitime?», demande l'association.

Dans une interview à la BBC, David Miliband a précisé que l'employé local de l'ambassade britannique, qui devait être libéré dimanche, ne ferait pas l'objet de poursuites judiciaires.

Seul resterait en détention un analyste politique iranien de l'ambassade. Selon son avocat, il a été inculpé d'«atteinte à la sécurité nationale».

Le ministère iranien des Affaires étrangères a aussi annoncé la libération d'Iason Athanasiadis-Foden, journaliste du Washington Times arrêté le mois dernier «pour des activités contraires au journalisme et en relation avec les récentes émeutes de rue».

Athènes a exprimé sa «sa profonde satisfaction», et indiqué que le journaliste devait quitter Téhéran pour la Grèce «d'ici la fin de la journée».

Le chef de la police nationale, le général Esmail Ahmadi-Moghadam, a lui déclaré que les «deux tiers» du millier de personnes arrêtées à Téhéran lors des manifestations avaient été libérées.

Par ailleurs, le site de campagne de M. Moussavi, principal rival du président Ahmadinejad, a publié un nouveau rapport détaillant des «fraudes et irrégularités» dans le scrutin.

Il se demande notamment pourquoi le ministère a imprimé 14 millions de bulletins de vote en plus de ceux prévus pour les 46 millions d'inscrits.