La commission d'enquête de l'ONU sur l'assassinat de l'ex-premier ministre pakistanais Benazir Bhutto en 2007 a officiellement entamé mercredi ses travaux, a indiqué un porte-parole onusien.

«Le mandat de six mois de la commission débute aujourd'hui. Elle se rendra au Pakistan, mais les dates ne sont pas encore fixées», a précisé à l'AFP Hiro Ueki, porte-parole de l'ONU au Pakistan.

La commission est chargée «d'enquêter sur les faits et circonstances de l'assassinat», non de déterminer «la responsabilité criminelle des auteurs» qui reste du ressort des seules autorités pakistanaises, selon l'ONU.

Elle remettra son rapport au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, qui à son tour le communiquera à Islamabad et au Conseil de sécurité de l'ONU.

L'enquête de l'ONU répond à une requête du gouvernement pakistanais issu des législatives de février 2008, remportées par le parti de Mme Bhutto.

À Islamabad, les observateurs se montraient sceptiques sur la capacité de la commission à aboutir sur une ou plusieurs condamnations dans cette affaire.

«Je ne m'attends pas à voir la commission fournir des preuves qui permettent de condamner quelqu'un, car ils ne peuvent pas enquêter directement. Ils peuvent juste rassembler des preuves fournies par le gouvernement pakistanais», a déclaré lundi à l'AFP l'analyste Hasan Askari.

Selon lui, la mise en place de cette commission, montre que les dirigeants pakistanais «n'ont pas confiance en leurs institutions, ou qu'ils ont peur de ceux qui sont impliqués» dans l'assasinat de Mme Bhutto.

Alors grande figure de l'opposition, Benazir Bhutto a été tuée par un kamikaze qui a ouvert le feu sur elle, la manquant de peu, avant de faire exploser la bombe qu'il portait sur lui, le 27 décembre 2007, dans la banlieue d'Islamabad, en pleine campagne électorale pour les législatives.

Le gouvernement d'alors, du président Pervez Musharraf, avait accusé un chef des talibans pakistanais, Baïtullah Mehsud, lié à Al-Qaeda, d'avoir organisé l'assassinat de Benazir Bhutto, très virulente à l'égard des islamistes, dont l'influence progressait au Pakistan.

Mais le mari de Mme Bhutto, Asif Ali Zardari, qui lui avait succédé à la tête du Parti du Peuple Pakistanais (PPP) avant d'accéder à celle de l'État, avait soupçonné publiquement des responsables du pouvoir en place d'avoir commandité l'assassinat, incriminant également des membres des services de sécurité.

Selon une enquête de la police criminelle britannique Scotland Yard sollicitée par le président Musharraf, le souffle de l'explosion avait projeté la tête de Benazir Bhutto sur le bord du toit ouvrant de sa voiture.