L'armée pakistanaise a intensifié lundi ses bombardements sur les zones tribales, au lendemain d'une embuscade fatale à 16 soldats, l'incident le plus meurtrier depuis le début de son offensive dans le nord-ouest fin avril, selon plusieurs responsables.

L'aviation pakistanaise a continué à pilonner les districts tribaux du Waziristan du Nord et du Sud, fief du chef taliban Baïtullah Mehsud, contre lequel l'armée annonce depuis plusieurs semaines une offensive imminente.

Les autorités pakistanaises ont offert dimanche 615 000 dollars pour toute information menant à la capture, «mort ou vif» de Baïtullah Mehsud, dont le mouvement est accusé d'avoir perpétré de nombreux attentats sanglants.

Selon le porte-parole de l'armée, le général Ahtar Abbas, 18 rebelles et 16 soldats, dont un officier, sont morts au cours des dernières 24 heures dans le Waziristan du Nord, un des sept districts tribaux semi-autonomes frontaliers de l'Afghanistan, ainsi que dans le district de Swat (nord-ouest).

Ce bilan était impossible à vérifier de source indépendante.

Dimanche, dans le Waziristan du Nord, des assaillants armés de lance-roquettes et d'armes automatiques ont tendu une embuscade à un convoi militaire, tuant 12 soldats sur le coup, alors que quatre autres ont succombé à à leurs blessures lundi, selon le général Abbas.

«Nous n'avions jamais eu autant de victimes à la fois dans un passé récent», a-t-il déclaré à l'AFP. «Nous nous réservons le droit d'y répondre de la manière la plus appropriée», a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse.

Toujours dans le Waziristan du Nord, des combattants pro-talibans ont annoncé lundi avoir mis fin à un accord de cessez-le-feu signé avec le gouvernement en février 2007, et de ne plus y autoriser les mouvements de l'armée, a indiqué l'un de leurs porte-paroles, Ahmedullah Ahmedi.

La décision a été prise en réaction à la mort de civils «innocents tués par des bombardements de drones américains, alliés d'Islamabad dans leur opérations contre les talibans.

Par ailleurs, au moins trois civils ont été tués lors d'un échange de tirs d'artillerie entre l'armée et des rebelles à Kaloosha, à 17 km à l'ouest de Wana, le chef-lieu du Waziristan du Sud, selon un responsable gouvernemental local, Ghafoor Shah. Ce bilan a été confirmé par des responsables locaux de sécurité. L'origine exacte du tir restait inconnue.

L'armée pakistanaise bombarde régulièrement les zones tribales du nord-ouest, dont le contrôle lui échappe largement et considérées comme des repaires des rebelles talibans, qui ont revendiqué de nombreux attentats sanglants dans le pays ces dernières années.

Elle est également engagée depuis la fin avril dans une autre offensive contre les talibans à Buner, Swat et dans le Bas Dir, trois autres districts du nord-ouest, disant être «dans la dernière phase» de cette opération qui a provoqué l'exode de près de deux millions de personnes.

À Buner, où les talibans avaient progressé il y a deux mois, parvenant à une centaine de km d'Islamabad et suscitant ainsi la forte inquiétude des Occidentaux, une bombe a explosé dans la ville de Swarhi, blessant au moins huit personnes dont trois responsables de sécurité, a indiqué la police.

L'armée assure depuis plusieurs semaines avoir sécurisé le district.