L'organe suprême d'arbitrage iranien a appelé samedi les candidats battus à la présidentielle à coopérer avec le Conseil des gardiens de la Constitution pour trouver une issue au conflit sur la réélection de Mahmoud Ahmadinejad.

Sur le terrain diplomatique, M. Ahmadinejad a de nouveau répliqué au président Barack Obama tandis que les Affaires étrangères critiquaient les déclarations «hâtives» du G8, dont les chefs de diplomatie ont demandé la fin des violences après le scrutin aux résultats contestés.

Présidé par l'ex-président Akbar Hachémi Rafsandjani, le Conseil de discernement appelle «tous les candidats à coopérer au maximum avec le Conseil des gardiens de la Constitution et à utiliser cette occasion (...) pour présenter leurs documents pour un examen complet et précis» du processus électoral, selon un communiqué cité par l'agence Isna.

Le Conseil des gardiens de la constitution a annoncé vendredi la création d'une commission spéciale comprenant des représentants des candidats qui devra préparer un rapport sur le scrutin, tout en affirmant qu'il n'y avait pas eu de fraude au moment de la réélection du président Ahmadinejad.

Le principal rival de M. Ahmadinejad à la présidentielle et chef du mouvement de contestation, Mir Hossein Moussavi, ainsi que le candidat réformateur Mehdi Karoubi réclament toujours l'annulation du scrutin pour fraude.

Le Conseil de discernement semble tenter de trouver une issue pacifique à la contestation qui a fait au moins 20 morts depuis deux semaines.

MM. Moussavi et Karoubi n'avaient pas répondu samedi après-midi à l'invitation à participer à la commission spéciale, ni nommé de représentants, selon le Conseil des gardiens.

Le Conseil de discernement est chargé de régler les disputes entre le Parlement et le Conseil des gardiens. Il conseille également le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei.

L'organe d'arbitrage a également demandé au Conseil des gardiens «un examen précis de toutes les plaintes et protestations et de répondre aux ambiguïtés» entourant le scrutin.

Dix pour cent des bulletins de vote doivent être recomptés par la commission spéciale.

Par ailleurs, M. Ahmadinejad s'en est de nouveau pris samedi au président américain Barack Obama, qui s'était dit la veille «outré» par la répression des manifestations.

«Il a parlé de réformes et de changement, pourquoi alors intervient-il (dans les affaires intérieures iraniennes) et fait-il des commentaires contraires (...) à la politesse», a-t-il dit.

Le président iranien a également dénoncé les «propos insultants de certains responsables occidentaux» envers l'Iran, en affirmant qu'il allait désormais profiter de sa présence «dans toutes les instances internationales pour faire le procès» de ces dirigeants.

Réunis à Trieste en Italie, les chefs de diplomatie du G8 avaient demandé vendredi la fin des violences et invité le pouvoir iranien à respecter en particulier «le droit d'expression».

Ces déclarations sont «hâtives» et constituent «une ingérence», a dit le porte-parole de la diplomatie iranienne, Hassan Ghashghavi.

Deux semaines après la proclamation de la victoire de M. Ahmadinejad avec 63% des voix, le mouvement de contestation contre le résultat du scrutin s'essoufle et Téhéran était calme samedi.

Mais les autorités ne relâchent pas la pression et ont perquisitionné aux locaux d'un parti politique ayant soutenu M. Moussavi pendant la campagne.

«Des agents (des forces de sécurité) se sont rendus au siège du parti Kargozaran et ont emporté des documents et des ordinateurs», a rapporté le quotidien réformateur Etemad Melli sans préciser de date. Le parti a été fondé en 1995 par des technocrates et des proches de M. Rafsandjani.

Par ailleurs, le rédacteur en chef d'un journal de campagne de M. Moussavi l'a accusé d'avoir «causé» la mort d'Iraniens lors des manifestations.

«Maintenant que les communiqués provocants ont causé la mort de compatriotes, il est pris au piège» de son erreur de jugement, a déclaré Amir Hossein Mahdavi, le rédacteur en chef d'Andisheh No, à l'agence Isna.