Le pouvoir iranien a exclu mardi l'annulation de la présidentielle contestée du 12 juin et annoncé que le président réélu Mahmoud Ahmadinejad et son gouvernement allaient être investis entre le 26 juillet et 19 août.

Cela n'a pas empêché le camp de Mir Hossein Moussavi, arrivé deuxième du scrutin, de camper sur ses positions et d'annoncer la publication prochaine d'un rapport complet sur les fraudes commises lors du scrutin.

Depuis dix jours, l'annulation de la présidentielle était exigée, à travers des manifestations qui ont fait au moins 17 morts, une centaine de blessés et des centaines d'arrestations, par M. Moussavi et ses partisans.

 «Lors de la récente élection présidentielle, nous n'avons constaté aucune fraude ou infraction majeure. Par conséquent, il n'y pas de possibilité d'une annulation» du scrutin, a déclaré le porte-parole du Conseil des Gardiens de la constitution, chargé de superviser les élections en Iran, Abbas Ali Kadkhodaie, cité par la télévision en langue anglaise Press TV.

Vendredi, le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, qui a le dernier mot dans les grandes affaires du pays, avait affirmé que le président Ahmadinejad avait remporté le scrutin avec 24,5 millions de votes et que l'écart de 11 millions de voix le séparant de M. Moussavi excluait toute fraude.

Le bureau de campagne de ce dernier a indiqué qu'il allait «publier bientôt un rapport complet sur la fraude électorale et les irrégularités» commises lors de la présidentielle.

Dans le même temps, le ministère de l'Intérieur appelait M. Moussavi à «respecter la loi et le vote du peuple et à se comporter en conformité avec la loi», selon l'agence Irna.

Les premières manifestations à Téhéran contestant la réélection de l'ultraconservateur Ahmadinejad ont commencé quelques jours après l'élection. Elles ont gagné en ampleur malgré leur répression sanglante par la police et les miliciens islamiques (bassidjis).

La journée la plus violente, samedi, a fait au moins dix morts, forçant le régime a mettre à nouveau en garde les manifestants contre une poursuite de leur mouvement.

Alors que les autorités imposent d'importantes restrictions à la presse étrangère pour la couverture des troubles, l'agence Fars a annoncé l'arrestation d'un journaliste grec travaillant pour le quotidien américain Washington Times, Iason Athanasiadis-Fowden.

Selon l'agence Irna, le journaliste «a été arrêté alors qu'il quittait le pays à l'aéroport Imam Khomeiny à la fin de la semaine dernière».

Iason Athanasiadis-Fowden, qui selon l'ambassade de Grèce à Téhéran possède la double nationalité grecque et britannique, est le dernier journaliste en date à être arrêté.

Un journaliste canadien travaillant pour l'hebdomadaire américain Newsweek, Maziar Bahari, a été arrêté dimanche et le correspondant permanent de la BBC en Iran, Jon Leyne, avait reçu également dimanche l'ordre de quitter le pays.

Par ailleurs, le ministère des Affaires étrangères a accusé le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon «d'ingérence» dans ses affaires intérieures.

«Ban Ki-moon a porté atteinte à sa crédibilité aux yeux des pays indépendants en suivant de manière ignorante certaines puissantes dominantes qui ont un passé déplacé d'ingérence», a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hassan Ghashghavi.

La veille, M. Ban avait exhorté Téhéran à mettre fin immédiatement aux arrestations et à l'usage de la force, se disant «consterné par les violences post-électorales».

Depuis le début des troubles, Téhéran accuse l'Occident, en premier lieu la Grande-Bretagne, d'être derrière le mouvement de contestation. Le Premier ministre britannique Gordon Brown a annoncé l'expulsion de deux diplomates iraniens, en réponse à une décision similaire de Téhéran.

La diplomatie iranienne s'est refusée mardi à commenter cette annonce, confirmée par une source à l'ambassade de Grande-Bretagne à Téhéran.