Cinq Allemands et un Britannique pris en otage au Yémen il y a une dizaine de jours sont toujours en vie, a affirmé lundi une source tribale ajoutant qu'ils étaient aux mains de la rébellion chiite, une information démentie par les rebelles.

Les six captifs font partie d'un groupe de neuf personnes prises en otage dans la région de Saada (nord), fief de la rébellion chiite conduite par l'ancien député Abdel Malek al-Houti.

Les cadavres des trois autres, deux Allemandes et une Sud-Coréenne, ont été retrouvés la semaine dernière.

«Les six otages ont été retrouvés vivants et remis au chef militaire (de la rébellion), Abdallah al-Rizani. Ils se trouvent actuellement dans la région de Ruzmat», dans la province de Saada, a déclaré à l'AFP la source tribale, qui a requis l'anonymat.

Selon cette source, deux des ravisseurs ont été identifiés par la rébellion comme étant Mohsen al-Tam et Fawaz Morqi. «Ils seraient membres de la rébellion», a-t-on ajouté sans donner de précisions.

Un haut responsable des services de la sécurité yéménite, interrogé par l'AFP, a confirmé l'information.

«Ces informations sont exactes», a-t-il dit, ajoutant que «les rebelles refusent de remettre les otages et leurs ravisseurs».

Cependant, un porte-parole de la rébellion, Mohammad Abdel Salam, a nié que «les otages soient aux mains» de son groupe.

«(Ces informations) sont infondées. Ce sont des fuites, faites probablement par les services de renseignement, dans le but d'entraver l'enquête» sur le rapt, a-t-il dit sur la chaîne de télévision Al-Jazira.

Mais des sources tribales concordantes ont affirmé que le rapt était l'oeuvre de rebelles. «Une faction de la rébellion a mené l'opération sans en référer à la direction» du mouvement, a indiqué à l'AFP l'une de ces sources.

Berlin n'a pu confirmer les informations selon lesquelles les six otages seraient en vie.

Le porte-parole adjoint du ministère allemand des Affaires étrangères, Andreas Peschke, a évoqué des «rumeurs» qu'il ne pouvait «pas confirmer».

«Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'il s'agit de rumeurs, dont la cellule de crise a également connaissance, mais que nous ne pouvons pas confirmer pour l'instant», a dit M. Peschke lors d'un point de presse régulier.

Le 14 juin, Sanaa avait fait état du rapt de sept Allemands, trois enfants âgées de 2 à 4 ans, un couple et deux infirmières, et d'un Britannique et une Sud-Coréenne, dans une zone montagneuse de la province de Saada.

Le lendemain, le Yémen a confirmé la mort de deux Allemandes et de la Sud-Coréenne, dont les corps ont été retrouvés dans la région de Noshur, dans la même province.

Les enlèvements n'ont jamais été revendiqués, et Sanaa avait accusé la rébellion chiite, qui avait rejeté toute responsabilité.

Samedi, le ministre yéménite de l'Intérieur, Motahar al-Masri, avait indiqué que son gouvernement ne perdait pas l'espoir de retrouver en vie les six otages.

Un conflit ouvert ayant fait des milliers de morts oppose la rébellion chiite aux forces gouvernementales depuis 2004 dans la région de Saada.

Sanaa avait annoncé une récompense de 50 millions de riyals (250 000 dollars) à quiconque aiderait à arrêter les auteurs de la prise d'otages et des meurtriers.

Les enlèvements d'étrangers au Yémen, un pays à structure tribale, sont relativement fréquents mais avaient jusqu'ici rarement connu une issue tragique. Plus de 200 ressortissants étrangers y ont été enlevés ces 15 dernières années mais la grande majorité d'entre eux ont été libérés sains et saufs.