La lauréate iranienne du prix Nobel de la Paix Shirin Ebadi appelle à l'annulation de la présidentielle iranienne et à l'organisation de nouvelles élections, dans une tribune publiée jeudi par le journal en ligne américain Huffington Post.

Une nouvelle manifestation a eu lieu jeudi à Téhéran pour réclamer l'annulation de la présidentielle du 12 juin, qui a vu la réélection de l'ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad, selon des chiffres officiels contestés par son principal opposant, Mir Hussein Moussavi, et les deux autres candidats, Mehdi Karoubi et Moshen Rezaï.

Mme Ebadi, avocate et militante des droits de l'homme, estime que cette élection a été entachée d'irrégularités.

Ainsi, dit-elle, «dans de nombreux bureaux de vote, les représentants de Mir Hussein Moussavi et de Mehdi Karoubi n'ont pas reçu l'autorisation d'être présents», permettant le truquage des urnes.

Mahmoud Ahmadinejad «avait recueilli 14 millions de voix lors de la précédente élection», or cette fois-ci il en a recueilli 24 millions, souligne-t-elle, tandis que Mehdi Karoubi «a annoncé que le nombre de ses voix était inférieur à celui des membres de ses permanences de campagne et du parti qu'il préside».

Les manifestations pacifiques et l'annonce par le Conseil des gardiens de la constitution que certains bulletins allaient être recomptés n'ont pas suffi à ramener la paix, constate Mme Ebadi dans cette tribune.

Elle appelle en conséquence à «la libération inconditionnelle de toutes les personnes arrêtées et emprisonnées pour s'être opposées au résultat de l'élection» et à ce qu'il soit donné ordre de «mettre fin aux violences contre les manifestants exercées par la police et la milice Bassidj», dévouée au président Ahmadinejad.

Mme Ebadi demande «l'annulation de l'élection» et l'organisation d'«une nouvelle élection sous les auspices des organisations internationales», et demande pour finir «des compensations financières pour les blessés et les familles de ceux qui ont été tués».

Dans sa longue tribune, Mme Ebadi fait un bilan peu flatteur du premier mandat de Mahmoud Ahmadinejad, notant que ses «quatre ans à la présidence ont eu pour résultat une grande insatisfaction du peuple».

«Pendant cette période, l'inflation a atteint 25%, les prix n'ont cessé d'augmenter chaque jour et le pouvoir d'achat des gens n'a cessé de diminuer. Un grand nombre de journaux ont été fermés, un nombre de plus en plus important de militants politiques et des droits de l'homme ont été emprisonnés, les bureaux du Centre des défenseurs des droits de l'homme (dont je suis présidente) ont été fermés», écrit-elle.