Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, confronté à une vague de protestation dans son pays depuis sa réélection, a préféré défier les Etats-Unis mardi lors d'un sommet régional en Russie, affirmant que «l'ère des empires» était «terminée».

«L'ordre capitaliste international bat en retraite», a-t-il dit à la tribune du sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) - qui réunit la Russie, la Chine et quatre pays d'Asie centrale, l'Iran ayant le statut d'observateur - à Ekaterinbourg (Oural).

«Il est évident que l'ère des empires est terminée et qu'elle ne reviendra pas», a-t-il ajouté, dans une allusion aux Etats-Unis, lors de son premier voyage à l'étranger depuis sa réélection contestée vendredi.

 «Peut-on croire qu'on va résoudre tous les problèmes avec des mécanismes et des structures obsolètes ? Des changements radicaux sont indiscutables et inévitables», a-t-il insisté, en référence à la crise économique et financière mondiale.

M. Ahmadinejad n'a fait en revanche aucune allusion à la situation dans son pays, au moment où ses partisans s'apprêtent à manifester mardi à Téhéran au même endroit que ses opposants, dans un climat de tension alourdi par la mort de sept civils la veille.

Il a préféré vanter les mérites de l'OCS, estimant qu'elle pouvait jouer un rôle «d'avant-garde dans le règlement de questions économiques, ouvrir la voie à des changements positifs dans l'architecture économique, politique et culturelle».

Les capitales occidentales ont exprimé leur inquiétude sur la régularité du scrutin et face aux violences. Par contraste, l'accueil des autorités russes a été nettement plus chaleureux.

 «La question des élections en Iran est une affaire intérieure du peuple iranien», a déclaré le vice-ministre des Affaires étrangères Sergueï Riabkov à la presse en marge du sommet.

Moscou s'est même félicité que le président Ahmadinejad ait choisi la Russie pour son premier voyage après sa réélection.

 «Nous saluons le fait que les élections ont eu lieu, nous saluons le président nouvellement élu d'Iran sur le sol russe», a noté M. Riabkov.

Il est «très symbolique que le président Ahmadinejad accomplisse justement en Russie son premier voyage à l'étranger après sa réélection», a-t-il poursuivi.

 «Il me semble que c'est le gage que la relation entre la Russie et l'Iran vont encore se développer progressivement», selon lui.

Des images diffusées par les organisateurs du sommet ont montré le président iranien détendu et souriant descendant de son avion, puis serrant la main de son homologue russe Dmitri Medvedev avant le début de la réunion.

MM. Medvedev et Ahmadinejad, qui ont eu un entretien bilatéral en marge du sommet, ont exprimé leur volonté de poursuivre leur «coopération économique» et leurs «contacts», a précisé la porte-parole du Kremlin Natalia Timakova, citée par Interfax.

L'OCS a été créée en 1996 par la Russie et la Chine comme une alternative à l'Otan afin de contrebalancer l'influence des Etats-Unis en Asie centrale. Quatre des cinq ex-républiques soviétiques de la région - Kazakhstan, Kirghizstan, Ouzbékistan et Tadjikistan - en sont membres.

Le président chinois Hu Jintao a ainsi annoncé que son pays allait accorder un crédit de 10 milliards de dollars à l'Organisation pour faire face aux conséquences de la crise.

«Nos pays doivent renforcer leur coopération dans le cadre de l'OCS. Ce n'est qu'ainsi que nous pourrons résister à la crise et renforcer notre organisation», a-t-il dit.