Ambassadeurs convoqués, demandes d'enquête, «inquiétude» largement partagée: les capitales occidentales comme les Nations unies ont fait monter d'un cran lundi la pression sur l'Iran face aux violences provoquées par la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad.

Aux Etats-Unis, le président Barack Obama s'est dit lundi «profondément troublé» par les violences en Iran, tout en prenant garde de ne pas mêler les Etats-Unis à la crise politique: «Nous respectons la souveraineté iranienne et nous voulons éviter que ce soient les Etats-Unis qui deviennent le problème en Iran», a-t-il déclaré.

M. Obama s'exprimait après l'annonce d'informations faisant état de la mort d'un manifestant, tué par balles, et de plusieurs autres blessés lors d'un rassemblement de centaines de milliers de personnes lundi à Téhéran.

«Nous sommes profondément troublés par les informations d'arrestations violentes et de possibles anomalies pendant le scrutin», avait dit avant cette annonce le porte-parole du département d'Etat, Ian Kelly.

D'après les résultats officiels annoncés samedi, le président sortant Mahmoud Ahmadinejad a remporté largement la présidentielle. Cette annonce, contestée par le principal concurrent de M. Ahmadinejad, Mir Hussein Moussavi, a provoqué des émeutes au coeur de la capitale iranienne et des accusations de tricherie.

Notant «les inquiétudes» exprimées par de nombreux candidats, l'Union européenne a estimé dans une déclaration adoptée lundi qu'il s'agissait d'un «sujet sur lequel (les autorités iraniennes) doivent enquêter». L'UE a également «exprimé sa vive inquiétude concernant les violences dans les rues et l'utilisation de la force contre des manifestants pacifiques».

En France, l'ambassadeur d'Iran a été convoqué au ministère des Affaires étrangères pour apporter «des explications au sujet des événements en Iran» et répondre «aux doutes exprimés sur la régularité du scrutin», selon Paris.

Le président Nicolas Sarkozy s'est dit «profondément préoccupé par les développements de la situation politique en Iran», condamnant les «violences contre les manifestants» et appelant à faire «toute la lumière» sur les résultats de la présidentielle.

L'ambassadeur iranien en Allemagne a également été convoqué et la chancelière Angela Merkel a condamné «les arrestations qui ont eu lieu lors des manifestations» et appelé à la libération des personnes détenues. Le ministère des Affaires étrangères a qualifié d'«inacceptables» les «actes de violence des forces de sécurité iraniennes contre des manifestants et les obstacles à des manifestations pacifiques».

«La manière dont le régime répond aux manifestations légitimes aura des implications pour les relations de l'Iran avec le reste du monde à l'avenir», a prévenu le Premier ministre britannique Gordon Brown, appelant Téhéran à «répondre aux questions sérieuses qui ont été posées par la conduite des élections iraniennes».

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a indiqué «suivre de près» la situation, notamment «la façon dont l'enquête va se dérouler», en référence à l'annonce par les dirigeants religieux iraniens d'une enquête sur le déroulement de l'élection.

Pour le ministre canadien des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, une enquête doit être menée de manière «complète et transparente» sur ce qu'il a qualifié de «fraude électorale». M. Cannon a également indiqué avoir convoqué le chargé d'affaires iranien à Ottawa après la brève détention d'un journaliste canadien.