Les voisins arabes d'Israël, à l'image des Palestiniens, ont dénoncé lundi le contenu du discours prononcé la veille par le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le président égyptien jugeant que le point sur le caractère juif d'Israël «ruinait les possibilités de paix».

«L'appel à reconnaître Israël en tant qu'État juif complique davantage les choses et ruine les possibilités de paix», a affirmé, au cours d'une cérémonie militaire, Hosni Moubarak, cité par l'agence officielle Mena.

«Personne ne soutiendra cet appel, ni en Égypte ni ailleurs», a-t-il ajouté.

L'Égypte est le seul pays arabe de la région, avec la Jordanie, à avoir signé un traité de paix avec Israël.

Selon la Mena, le président égyptien a souligné avoir eu l'occasion de dire au président américain Barack Obama que «la solution de toutes les crises (...) dans le monde arabe passait par Jérusalem».

«J'ai dit au premier ministre Benjamin Netanyahu que les négociations sur le statut définitif des territoires palestiniens devaient reprendre là où elles ont été laissées, immédiatement», a-t-il poursuivi.

Soumis à de fortes pressions internationales, notamment de Washington, M. Netanyahu a accepté dimanche dans son discours le principe d'un État palestinien, tout en posant une série de conditions draconiennes.

Il a notamment exigé la démilitarisation de cet État et la reconnaissance par la direction palestinienne d'Israël comme État du peuple juif.

Il a aussi exclu un gel de la colonisation juive, un retour des réfugiés palestiniens poussés à l'exode au moment de la création d'Israël en 1948, ou un retrait de la partie arabe occupée de Jérusalem.

La Jordanie, voisin d'Israël avec lequel il a signé la paix en 1994 a estimé que le discours de M. Netanyahu ne répondait pas aux attentes de la communauté internationale.

Dans une déclaration à l'AFP, le porte-parole du gouvernement, Nabil Shérif a affirmé que «les idées avancées par le premier ministre israélien ne répondaient pas aux attentes de la communauté internationale et ne pouvaient réaliser une paix juste dans la région».

Les Palestiniens ont également dénoncé le discours.

«Il devient manifeste que nous sommes en présence d'un gouvernement israélien qui refuse en réalité une solution à deux États, l'arrêt de la colonisation et la reprise des négociations du point où elles s'étaient arrêtées» fin 2008, a affirmé à l'AFP le négociateur palestinien Saëb Erakat.

Selon lui, la direction palestinienne est entrée en contact «dès dimanche soir» avec l'administration américaine et des pays européens et arabes «pour expliquer que (Benjamin) Netanyahu n'a fait qu'émettre cinq 'non'».

«Il a dit 'non' à une solution à deux États, 'non' au gel de la colonisation, 'non' à la vision du président Barack Obama pour un nouveau Proche-Orient, 'non' à la reprise des négociations au point où elles s'étaient arrêtées et 'non' à l'initiative de paix arabe» proposant une normalisation avec Israël en échange de son retrait des territoires occupés, a-t-il estimé.

Dimanche soir, le Hamas islamiste, au pouvoir à Gaza, avait dénoncé une «idéologie raciste et extrémiste».

À Damas, un responsable officiel non identifié a estimé que le discours de Benjamin Netanyahu constituait «une preuve claire du refus israélien d'une paix juste et globale dans la région».

«La position du premier ministre israélien constitue un refus franc des impératifs de la paix au Proche-Orient basés sur les résolutions du Conseil de sécurité et vide la paix de son contenu», a dit ce responsable cité par l'agence officielle Sana.

Le président libanais Michel Sleimane a lui appelé dans un communiqué la communauté internationale à «faire pression» sur Israël pour qu'il accepte les précédentes initiatives de paix.

Au sein de cette communauté internationale, le président américain a salué le discours de M. Netanyahu comme un «important pas en avant», alors que les Européens ont évoqué «un petit pas», qui doit en appeler d'autres.