L'Autorité palestinienne et ses rivaux du Hamas ont dénoncé dimanche le discours du Premier ministre Israël Benjamin Nétanyahou dans lequel il a posé une série de conditions à la création d'un État palestinien.

«Ce discours torpille toutes les initiatives de paix dans la région», a déclaré à l'AFP Nabil Abou Roudeina, porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas.

«Il entrave les efforts visant à sauver le processus de paix dans un clair défi à l'administration américaine», a-t-il ajouté.

Un autre proche collaborateur de M. Abbas, Yasser Abed Rabbo, a violemment critiqué M. Nétanyahou.

«Il a parlé d'un État palestinien en le vidant de sa substance en excluant un gel de la colonisation. En exigeant la reconnaissance du caractère juif d'Israël, il veut que les Palestiniens fasse partie du mouvement sioniste mondial», a déclaré M. Abed Rabbo à l'AFP.

«Il veut imposer un règlement ne tenant pas compte des droits des réfugiés et aux termes duquel Jérusalem ne sera pas la capitale du futur Etat palestinien et celui-ci ne jouira d'aucune forme de souveraineté», a-t-il ajouté.

«Il a employé les mots "État palestinien" mais en fait il veut un protectorat israélien», a-t-il ajouté.

«Il a parlé de négociations mais il nous a rien laissé à négocier, puisqu'il a ôté de la table pratiquement tous les dossiers du statut final» des territoires palestiniens, a pour sa part affirmé le négociateur palestinien Saëb Erakat.

«Il n'a pas accepté un Etat palestinien mais a posé une série de conditions que rendent impossible la création d'un Etat palestinien viable, indépendant et souverain», a-t-il ajouté.

Soumis à de fortes pressions internationales, notamment de Washington, M. Nétanyahou, qui dirige un cabinet de droite, a accepté dans son discours dans une université proche de Tel-Aviv le principe d'un Etat palestinien tout en posant une série de conditions.

Il a notamment exigé la démilitarisation du futur Etat palestinien et la reconnaissance par la direction palestinienne d'Israël comme Etat du peuple juif.

Il a aussi exclu un gel de la colonisation juive ou un retour des réfugiés palestiniens poussés à l'exode lors de la création d'Israël en 1948.

L'Autorité palestinienne refuse de reconnaître Israël comme un État juif. Pour elle, une telle reconnaissance revient à renoncer au «droit au retour» des réfugiés palestiniens.

Israël se définit selon une loi fondamentale comme «Etat juif et démocratique», tout en comptant 1,3 million de citoyens arabes. Il s'agit des descendants des 160 000 Palestiniens restés sur leurs terres après sa création. Ils représentent aujourd'hui 20% de sa population.

Quelque 760 000 autres Palestiniens ont été poussés à l'exode lors de la création de l'Etat d'Israël.

Le sort de ces réfugiés et de leurs descendants, au total près de 4,5 millions de personnes, est la question la plus épineuse du conflit israélo-palestinien, Israël refusant d'entendre parler d'un retour sur son territoire.

A Gaza, le mouvement islamiste Hamas qui contrôle le territoire depuis un coup de force contre M. Abbas en juin 2007, a dénoncé «l'idéologie raciste et extrémiste» du M. Nétanyahou.

«Ce discours reflète l'idéologie raciste et extrémiste de Nétanyahou et fait fi de tous les droits du peuple palestinien», a déclaré à l'AFP le porte-parole du Hamas Fawzi Barhoum.

«Il propose un État (palestinien) sans identité, ni souveraineté, ni Jérusalem, ni droit au retour, ni armée, ni armes et insiste sur le maintien des colonies», a ajouté M. Barhoum, dont le mouvement ne reconnaît pas le droit d'Israël à l'existence.