Un influent député sunnite a été abattu vendredi par un adolescent qui a fait irruption dans une mosquée de Bagdad et a ensuite lancé deux grenades, une attaque qui a fait au total cinq morts et 12 blessés.

«Un adolescent est entré dans la mosquée, a tué par balle le député Hareth al-Obaïdi et son garde du corps, puis il a jeté une grenade qui a tué trois personnes et en a blessé douze autres», a déclaré à l'AFP un responsable du ministère de l'Intérieur.

Selon ce responsable et Abou Omar, un témoin présent à la mosquée, l'adolescent n'avait pas plus de quinze ans.

«Le jeune s'est approché de notre imam (le député sunnite Hareth al-Obaïdi, ndlr) qui serrait des mains des fidèles (après son prêche, ndlr) avec son garde du corps», raconte Abou Omar.

«Il a ouvert le feu, tuant Obaïdi et son garde du corps, puis s'est rué dehors et a jeté une grenade sur des gardes qui se trouvaient à l'extérieur», ajoute Abou Omar.

«Les gardes ont tiré et l'ont blessé. Voyant qu'il ne pouvait leur échapper, il a dégoupillé sa grenade et s'est tué», conclut Abou Omar.

M. Obaïdi était membre du Parti islamique et chef du groupe parlementaire du Front de la Concorde irakienne, principale coalition de partis sunnites.

Il officiait comme imam pour la prière du vendredi. Né en 1966, il était le vice-président de la commission parlementaire pour les droits de l'Homme.

Rien ne permet en l'état de dire qui a commandité son meurtre, ni s'il s'agit de violences confessionnelles perpétrées par un groupe chiite contre un député sunnite, ou d'un règlement de comptes à l'intérieur de la communauté sunnite.

Dans un communiqué, le premier ministre Nouri al-Maliki a «ordonné la formation d'une commission d'enquête pour faire la lumière sur les groupes terroristes qui ont commis le meurtre d'Hareth al-Obaïdi».

«Cette action lâche ne nous arrêtera pas et ne nous empêchera pas de continuer sur notre voie», a réagi Salim Abdallah al-Joubbouri, le porte-parole du Front de la Concorde irakienne.

«Obaïdi était une figure nationale et islamique. Il était une voix qui défendait les droits de l'Homme et dénonçait les souffrances des citoyens», a estimé pour sa part le secrétaire général du Parti islamique, Oussama al-Tikriti.

Hareth al-Obaïdi avait réclamé la veille de sa mort, avec d'autres députés, la création d'une commission d'enquête indépendante après des cas de torture, de viol et des décès dans des prisons irakiennes, au cours d'un débat au Parlement - le premier du genre sur la question - retransmis par la chaîne officielle irakienne.

L'Irak a été le théâtre de nombreux assassinats politiques ces dernières années.

En février dernier, Samir Safouat, un responsable du Parti islamique a été assassiné devant son domicile à Bagdad par des inconnus qui ont ouvert le feu sur lui à partir d'une voiture avant de prendre le fuite.

Deux candidats sunnites avaient été assassinés respectivement à Mossoul et à Bagdad pendant la campagne pour les provinciales du 31 janvier.

Le député Saleh Al-Ogaïli, membre du mouvement chiite du chef radical Moqtada Sadr, avait été assassiné en octobre 2008 dans l'explosion d'une bombe au passage de sa voiture au moment même où il venait de quitter son domicile de Sadr City, dans le nord de la capitale.

L'attentat de vendredi est le dernier d'une série d'attaques meurtrières survenues à moins de trois semaines du retrait des troupes de combat américaines des villes, villages et localités d'Irak.

«Les attaques (d'Al-Qaeda et des groupes insurgés, ndlr) seront plus fortes. Ils voudront donner l'impression que les forces irakiennes faillissent à leur devoir à l'approche du départ des forces multinationales», avait estimé jeudi M. Maliki.