Niloufar Sadr n'a pas exercé son droit de vote aux dernières élections iraniennes, mais elle le regrette. Demain, rien ne l'empêchera de se rendre à Ottawa pour choisir qui sera le prochain président de la République islamique. «J'y vais avec mes enfants et tous les amis que je connais. Après, on espère qu'on va fêter pour Moussavi, dit-elle. On ne veut pas avoir quatre ans de plus avec Ahmadinejad.»

La communauté iranienne de Montréal prend à coeur la campagne pour la présidence dont les organisateurs attendent une participation record. La plupart des Montréalais d'origine iranienne interviewés par La Presse souhaitent voir Mir Hossein Moussavi, du camp réformiste, l'emporter sur Mahmoud Ahmadinejad, le président sortant ultraconservateur.

«On veut refaire la réputation de l'Iran à l'international», dit Mme Sadr, responsable de la galerie d'art et la librairie Mekic, située sur le Plateau-Mont-Royal.

Confiante en la victoire de Moussavi? «Non. On ne sait jamais, répond la femme de 50 ans. Des gens disent qu'Ahmadinejad va tricher. Mais si on vote très nombreux, il ne peut pas tricher.»

Le père de Mme Sadr a été ministre sous le gouvernement de Bazargan, tout juste après la révolution. L'homme de 92 ans est toujours en Iran. Il milite toujours pour son pays, explique sa fille.

Les élections de demain soulèvent les passions. Pour Behrooz Salemi, croisé hier à l'épicerie iranienne Akhavan, rue Sherbrooke Ouest, Moussavi représente la liberté. Son discours est plus modéré. «Il est plus instruit et ouvert sur le monde», indique-t-il.

L'homme de 50 ans lance à la blague que ce sont les «fanatiques» qui votent pour Mahmoud Ahmadinejad. Il veut taquiner un autre client pour qui c'est le cas. «Ahmadinejad croit et il fait la parole de Dieu», explique Ali Askhat Mohammadi pour justifier son choix.

Avec Barack Obama au pouvoir aux États-Unis, M. Haj Ali croit aussi que c'est mieux que Moussavi soit le prochain président. Mais le caissier de l'épicerie Akhavan a de bons mots pour Ahmadinejad.

«Il a osé se tenir devant les États-Unis, explique-t-il. Il y est allé plusieurs fois. Je n'étais pas d'accord avec son discours, mais il a osé aller le défendre à Larry King et dans les universités.»

«Il a triplé les salaires des plus pauvres et il a haussé les pensions des plus vieux», ajoute-t-il.

Mais pour M. Salemi, «il a fait ça pour des raisons politiques». Les experts disent qu'Ahmadinejad l'a emporté à cause de l'appui des gens plus pauvres et des populations rurales, rappelle-t-il. «Moussavi est plus instruit et moins populiste.»

Si les Iraniens de Montréal fondent beaucoup d'espoir en la victoire de Mir Hossein Moussavi, encore faut-il que les élections se déroulent en bonne et due forme. «Dans les villages, les gens ne sont pas enregistrés. Ils n'ont pas de certificat de naissance», rappelle M. Haj Ali.