Au moins onze personnes ont été tuées et 52 blessées mardi dans un nouvel attentat suicide au Pakistan, visant cette fois un grand hôtel de Peshawar, dans le nord-ouest, non loin des zones où l'armée combat les talibans liés à Al-Qaïda.

Il s'agit de la septième attaque terroriste dans cette ville de 2,5 millions d'habitants en un mois, et d'un nouvel épisode de la sanglante série qui a coûté la vie à près de 2 000 personnes en près de deux ans dans tout le Pakistan.

Ces plus de 230 attentats, suicide pour la plupart, sont attribués aux islamistes liés au réseau d'Oussama ben Laden, qui reprochent à Islamabad de s'être allié depuis fin 2001 à la «guerre contre le terrorisme» de Washington.

Mardi soir, au moins deux kamikazes portant des uniformes à bord d'un véhicule tout-terrain ont suivi de près une petite camionnette qui franchissait l'entrée ultra-sécurisée de l'hôtel cinq étoiles Pearl Continental, en plein coeur de Peshawar, selon les récits de plusieurs responsables policiers.

Quand la barrière métallique s'est abaissée, ils ont forcé le passage en ouvrant le feu sur les gardes, puis précipité leur voiture piégée contre le bâtiment, selon les témoignages recueillis par les policiers.

Le véhicule était rempli de plus de 500 kg d'explosifs, selon la police.

Deux étrangers, dont un employé de l'ONU, figurent parmi les morts, ont indiqué des responsables locaux, sans préciser leur nationalité.

«Cinquante-deux blessés ont été amenés à l'hôpital, dont six étrangers», a déclaré de son côté le docteur Sahib Gul à l'hôpital Lady Reading.

L'un des étrangers blessés est un Britannique, a précisé le Foreign office, qui a condamné «sans réserve de tels actes de terrorisme aveugle».

Le ministre provincial de la charité islamique, Zarshaid Khan, participait dans l'hôtel à une réunion avec des donateurs étrangers sur l'aide aux réfugies de la vallée de Swat lorsque l'explosion a eu lieu.

«J'ai cru que mes tympans allaient exploser. Je suis tombé, et ai vu tous les autres faire de même, au milieu des débris de verres», a-t-il raconté.

Sur place, l'explosion a laissé un profond cratère et détruit une partie de l'hôtel, a constaté un journaliste de l'AFP. L'entrée était éventrée, et le bâtiment affaissé sur plusieurs étages, comme victime d'un séisme.

Cet attentat rappelle celui qui avait entièrement détruit le plus grand hôtel de la capitale Islamabad, le Marriott, le 20 septembre 2008. Un kamikaze avait fait exploser un camion bourré de plus d'une tonne d'explosifs, tuant soixante personnes.

L'attentat de Peshawar survient à un moment où les forces pakistanaises ont accentué depuis près de deux mois leur pression sur les talibans, depuis que ces derniers ont progressé hors de leurs bastions des zones tribales frontalières avec l'Afghanistan.

L'armée est ainsi engagée depuis fin avril dans une offensive visant à déloger les talibans de la vallée de Swat et ses environs, dans le nord-ouest, sous l'intense pression de Washington, principal bailleur de fonds, inquiet de l'avancée des islamistes dans la seule puissance militaire nucléaire du monde musulman. Les talibans avaient averti à plusieurs reprises ces derniers jours qu'ils intensifieraient leur campagne d'attentats pour venger les leurs tués dans cette offensive.

Le Pearl Continental bénéficiait d'un imposant dispositif de sécurité comme tous les grands hôtels du pays depuis l'attentat du Marriott.