Plusieurs personnes ont été arrêtées après des troubles interreligieux dimanche dans la ville de Zahedan (sud-est), cible jeudi dernier d'un attentat ayant fait 25 morts, a affirmé lundi un haut responsable de la police iranienne.

Selon le responsable religieux sunnite local, les heurts ont été provoqués par une tentative d'agression dont il a été victime alors qu'il s'était rendu sur le lieu de l'attentat pour rendre hommage aux victimes.

«Hier (dimanche), certaines personnes ont tenté de créer des divisions entre chiites et sunnites dans la région mais la situation est redevenue calme avec l'intervention des responsables et des leaders religieux de la province», a déclaré le vice-commandant de la police, le général Ahmad Reza Radan.

«Des personnes qui avaient tenté de créer un climat d'insécurité dans la ville ont été arrêtés» et parmi elles se trouvent «des chiites et des sunnites», a-t-il ajouté, cité par l'agence Mehr.

Selon Mehr, des bâtiments publics ont été endommagés lors d'affrontements sporadiques.

L'imam de prière des chiites de Zahedan, l'ayatollah Abbas-Ali Soleimani, a lancé dimanche un appel au calme et demandé aux musulmans chiites et sunnites de la ville de ne pas tomber dans le piège «des éléments de l'oppression (Etats-Unis, ndlr) et des ennemis du régime islamique» en exacerbant les tensions, a rapporté l'agence Irna.

Ces troubles sont intervenus trois jours après un attentat suicide contre une mosquée chiite de la ville, capitale de la province de Sistan-Balouchistan, qui a fait jeudi 25 morts et 125 blessés.

Trois hommes reconnus coupables de complicité dans cet attentat, attribué au groupe rebelle sunnite Joundallah (soldats de Dieu), ont été pendus samedi matin.

Interrogé par le quotidien Etemad, le leader religieux des sunnites de la ville, Molavi Abdol-Hamid Esmail-Zehi, a affirmé avoir fait l'objet d'une tentative d'«agression» qui a entraîné ces troubles.

«Nous avons condamné l'attentat de jeudi et nous sommes allés (à la mosquée chiite visée par l'attentat) pour prononcer une prière, mais certaines personnes ont lancé des slogans contre moi (...) un de mes gardes du corps a été frappé», a-t-il déclaré.

«Lorsque l'information concernant cette agression s'est répandue dans la ville, des gens ont commencé à se rassembler pour protester», a-t-il poursuivi, en appelant également au calme.

La province, située à la frontière avec le Pakistan et l'Afghanistan, abrite une forte minorité sunnite.

Ces dernières années, la province et la ville de Zahedan ont été le théâtre de nombreux attentats et actions armées, attribués à Joundallah.

Le groupe, qui revendique une plus grande autonomie pour la minorité baloutche sunnite, est régulièrement accusé d'attaques contre les forces de l'ordre. Les autorités iraniennes accusent les Etats-Unis de soutenir les rebelles.

A l'autre bout de l'Iran, à Tabriz (nord-ouest), trois personnes ont été arrêtées après la découverte de 11 bombes artisanales et des munitions de guerre, selon le quotidien Kayhan qui ne donne pas plus de précisions.

«Les personnes arrêtées ont été remises à la justice», a déclaré au journal le colonel Rahman Imaninejad, chef de la police de la province d'Azerbaïdjan orientale.

L'Iran connaît une période de tension en pleine campagne électorale pour la présidentielle du 12 juin. Samedi, une bombe artisanale a été neutralisée dans un avion de ligne qui se rendait d'Ahvaz (sud-ouest) à Téhéran. La veille, des hommes armés avaient ouvert le feu contre une permanence électorale du président sortant Mahmoud Ahmadinejad à Zahedan, blessant trois personnes dont un enfant.