Un touriste français a été kidnappé samedi dans le sud-ouest du Pakistan par des hommes armés qui ont laissé repartir cinq de ses compatriotes, dont deux femmes et deux enfants, dans une zone à risque, foyer de rebelles séparatistes et de talibans liés à Al-Qaeda.

Le rapt s'est produit dans la province du Baloutchistan, où opèrent à la fois des groupes séparatistes de l'ethnie baloutche et des combattants islamistes armés proches d'Al-Qaeda et des talibans d'Afghanistan. Le Français, âgé de 41 ans, a été enlevé à quelque 80 km au sud de la frontière afghane, ont annoncé à l'AFP trois officiers de police.

L'ambassade de France à Islamabad n'a pas souhaité commenter l'information, qu'elle n'a ni confirmée, ni infirmée.

Cet enlèvement, qui n'avait pas encore été revendiqué samedi en début de soirée, intervient près de deux mois après la libération d'un haut fonctionnaire américain de l'ONU, John Solecki. Enlevé par un mystérieux groupe séparatiste baloutche à Quetta, la capitale du Baloutchistan, il avait été retenu en otage pendant deux mois.

Les six Français avaient quitté Quetta par la route à bord de deux voitures pour se rendre en Iran, frontalier du Baloutchistan, a expliqué à l'AFP Karar Shah, un officier de police de Dal Bandin, localité où les touristes laissés en liberté ont alerté les autorités.

À quelque 330 km au sud-ouest de Quetta, un groupe de six hommes armés a forcé leur voiture à s'arrêter dans la zone de Landi, à environ 200 km à l'est de la frontière iranienne, a confirmé à l'AFP Merrullah, un autre officier de police de Dal Bandin, citant le récit des cinq Français.

Les assaillants ont enlevé un des deux hommes, le second étant handicapé, et ordonné aux cinq de poursuivre leur route, selon un des officiers. Les enfants sont âgés de 2 et 5 ans, selon la police.

Ce groupe de touristes voyageait dans une zone réputée à très grands risques, où toutes les ambassades étrangères déconseillent à leurs ressortissants de s'aventurer.

Ils avaient séjournée longuement, ces derniers mois, dans différents pays de la zone, Iran, Inde et Pakistan notamment, selon un haut responsable de la police qui a requis l'anonymat.

Le 2 février, des hommes armés avaient enlevé à Quetta le responsable au Baloutchistan du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), l'Américain John Solecki, en attaquant sa voiture et tuant son chauffeur.

Un mystérieux groupe séparatiste baloutche, le Front de libération uni du Baloutchistan (BLUF), avait revendiqué l'enlèvement et menacé plusieurs fois de tuer leur otage.

Les ravisseurs avaient dit réclamer la «libération» de 1.109 personnes, dont 141 femmes, qui seraient, selon eux, détenues par les autorités pakistanaises.

M. Solecki avait finalement été relâché par ses ravisseurs le 4 avril sans que l'on connaisse les conditions de sa libération.

Le Baloutchistan, une province riche en gaz naturel et en ressources minières, est en proie depuis 2004 à une rébellion séparatiste qui a fait plusieurs centaines de morts.

Cette province, en particulier les zones frontalières avec l'Afghanistan, abrite de nombreux repaires de talibans pakistanais, afghans et combattants d'Al-Qaeda. Ces insurgés enlèvent chaque fois qu'ils le peuvent des étrangers.

Le géologue Piotr Stanczak, 42 ans, qui travaillait pour une compagnie polonaise de prospection géophysique, avait été capturé dans le nord-ouest du Pakistan en septembre 2008 et décapité par ses ravisseurs, des talibans pakistanais, le 7 février 2009.

L'enlèvement du touriste français intervient alors que l'armée pakistanaise, engagée dans une vaste offensive contre les talibans liés à Al-Qaeda bien plus au nord, dans la vallée de Swat (nord-ouest), a intensifié samedi ses opérations.

Le nord-ouest pakistanais, en particulier les zones tribales frontalières avec l'Afghanistan, est considéré comme un bastion des insurgés islamistes où Al-Qaeda a reconstitué ses forces et les talibans afghans des bases arrières.