Le président afghan Hamid Karzaï a rencontré mardi les habitants de la ville de Farah, dans le sud-ouest de l'Afghanistan, où des dizaines de civils avaient été tués au début du mois par des frappes aériennes américaines, ont indiqué les autorités locales.

Une enquête ordonnée par M. Karzaï a conclu la semaine dernière que 140 civils, dont des enfants, avaient été tués dans les raids américains des 4 et 5 mai qui visaient des insurgés talibans, dans le district de Bala Buluk. L'ambassadeur américain en Irak, Karl Eikenberry, accompagnait le président afghan, a déclaré à l'AFP un porte-parole du gouvernorat provincial, Farid Ahmad Ayoubi.

«Le président est arrivé dans un avion militaire avec l'ambassadeur américain. Ils se sont rendus à la grande mosquée de la ville où étaient rassemblés des milliers d'habitants», a indiqué le porte-parole.

Selon la même source, M. Karzaï a déclaré à la foule que son gouvernement faisait de son mieux pour persuader les troupes américaines et de l'OTAN d'arrêter les raids aériens, qui en général tuent plus de civils que d'insurgés.

«Nous continuerons à insister auprès d'eux jusqu'à ce qu'ils arrêtent de bombarder nos villages», a dit le président afghan cité par le porte-parole provincial.

Fait exceptionnel pour un dirigeant visé à plusieurs reprises par des tentatives d'assassinat et généralement confiné dans des locaux sécurisés, M. Karzaï s'est ensuite rendu sur un marché pour y rencontrer des habitants.

«La visite du président Karzaï nous a rendus très heureux. Nous savons qu'il fait de son mieux pour protéger le peuple, et nous savons aussi qui détient le pouvoir. Les Américains ne l'écoutent peut-être pas mais une chose est claire, il fait de son mieux», a estimé Mohammed Naïm Qaderdan, un vieil habitant du village de Granai touché par les bombardements.

Selon lui, «le peuple de Bala Buluk devra voter pour Karzaï aux élections, parce que nous avons vu qu'il se préoccupait de nous».

La deuxième élection présidentielle de l'histoire de l'Afghanistan doit se tenir le 20 août prochain. M. Karzaï part favori.

L'armée américaine a reconnu «un certain nombre» de morts civils dans les bombardements, se refusant à donner des chiffres plus précis.

M. Karzaï a demandé l'arrêt des raids aériens après ceux de Bala Buluk, où tout avait commencé par des combats au sol entre insurgés d'un côté, et armées afghane et américaine de l'autre, avant qu'une frappe aérienne ne soit ordonnée.

L'armée américaine a dit qu'elle allait revoir l'emploi de sa force aérienne afin de tenter de réduire les risques encourus par les civils.

Une semaine après les frappes à Bala Buluk, qui avaient fait réagir jusqu'au président américain Barack Obama, le secrétaire américain à la Défense Robert Gates avait annoncé le remplacement du commandant des forces américaines en Afghanistan.