Les autorités irakiennes ont diffusé lundi une vidéo de l'interrogatoire d'un Irakien présenté comme Abou Omar al-Baghdadi, chef présumé d'Al-Qaïda en Irak, dont l'identité même et l'arrestation fin avril sont encore sujettes à caution.

Lors d'une conférence de presse, le porte-parole du commandement des opérations de sécurité à Bagdad, le général Qassem Atta, a présenté des images de l'interrogatoire d'un homme d'une quarantaine d'années à la barbe taillée.«Je me fais appeler Abou Omar al-Baghdadi al-Husseini, avec Abou Omar pour les sunnites, al-Baghdadi pour l'Irak et le centre de l'Irak (mixte, ndlr), et al-Husseini pour inclure tout le monde (notamment les chiites, ndlr)», déclare l'homme qui parle d'une voix calme dans cette vidéo de quelques minutes.

«Je suis né en 1969 dans la province de Diyala et j'ai rejoint Al-Qaïda en 2005», ajoute-t-il en réponse aux questions, a priori, d'un officier irakien.

«J'ai créé l'Etat islamique d'Irak en 2006», assure-t-il en référence à cet ensemble de sept organisations placées sous le contrôle d'Al-Qaïda.

Le 23 avril, le général Qassem Atta avait annoncé la capture de Baghdadi, présenté comme le «chef diabolique» d'Al-Qaïda en Irak, responsable de dizaines d'attentats suicide dans le pays.

Dans le passé, les autorités irakiennes avaient déjà annoncé à deux reprises sa mort ou son arrestation avant de se dédire.

Une photo d'un homme au visage bronzé, portant le cheveu court et une barbe de plusieurs jours, avait été publiée dans les jours suivant son arrestation.

Mais le Pentagone avait refusé de confirmer l'arrestation de Baghdadi, un homme dont l'existence n'est pas complètement assurée. L'armée américaine le présente comme un leader «fictif» à la tête d'une simple «organisation virtuelle» n'ayant d'existence que sur internet et créée à des fins de propagande pour masquer la prééminence des jihadistes étrangers de la branche irakienne d'Al-Qaïda.

Il est présenté par Al-Qaïda comme le «commandeur des croyants» du califat autoproclamé par le réseau en octobre 2006, «l'Etat islamique d'Irak».

Après l'annonce des autorités, un homme se présentant comme Abou Omar al-Baghdadi avait nié avoir été arrêté par les autorités irakiennes, dans un enregistrement sonore diffusé le 12 mai par le centre américain de surveillance de sites islamistes (SITE).

Cet enregistrement intervenait peu de temps après un communiqué de l'Etat islamique d'Irak démentant également la capture de son leader.

Dans la vidéo, le chef présumé d'Al-Qaïda décrit le financement de son organisation. «Les sources de financement sont intérieures et extérieures. Les sources extérieures proviennent d'organisations caritatives basées en Egypte, en Arabie saoudite ou en Syrie», dit-il.

«Et il y a des sources internes, par le vol, notamment le vol des salaires des employés», souligne-t-il, en référence aux braquages de convoi de transport de fonds.

Le chef présumé indique également qu'Al-Qaïda était responsable en février 2006 de l'attentat contre le mausolée de Samarra qui avait déclenché la vague de violences confessionnelles et plongé le pays dans la guerre civile.

«Le but était de pousser sunnites et chiites à s'entretuer», assure-t-il.

Baghdadi avait été interpellé dans sa voiture à Roussafa, sur la rive est de Bagdad.

Il avait succédé à Abou Ayoub al-Masri, chef éphémère du réseau après la mort en juin 2006 d'Abou Moussab al-Zarqaoui, fondateur d'Al-Qaïda en Irak.

Selon le porte-parole du gouvernement irakien, Ali Al-Dabbagh, Baghdadi, Ahmad Abed Ahmad de son vrai nom, était militaire à l'époque de Saddam Hussein.

Le 30 décembre 2007 toutefois, Oussama Ben Laden, le chef de la nébuleuse, avait demandé à «tous les musulmans d'Irak de se rallier à Abou Omar al-Baghdadi».