Des milliers de Palestiniens ont commémoré jeudi en Cisjordanie le 61ème anniversaire de la Nakba, la «catastrophe» que fut pour eux la création d'Israël en 1948 sur les trois quarts de la Palestine historique.

Le principal rassemblement s'est tenu à Ramallah, siège de l'Autorité palestinienne en Cisjordanie, où les manifestants, dont de nombreux écoliers, ont arpenté des rues en brandissant des drapeaux palestiniens et des images de villages arabes rasés par les forces israéliennes en 1948. «Le droit au retour est sacré» ou «pas de paix sans droit au retour», pouvait-on lire sur des pancartes.

La marche, conduite par des hommes politiques et des dignitaires religieux, est partie du mausolée abritant la tombe de Yasser Arafat, le chef historique des Palestiniens, dans le QG de l'Autorité palestinienne. Une troupe de scouts rythmait la scène au son du tambour.

Un autre rassemblement a eu lieu à Naplouse, plus au nord, en présence de quelque 2.000 personnes. Des bannières noires, signe de deuil, y flottaient aux côtés du drapeau noir, blanc, vert et rouge de la Palestine.

Dans le camp de réfugiés de Aqabet Jaber à Jéricho (est), une pièce  métallique représentant une clé de six mètres posée sur un socle en béton a été inaugurée, symbolisant l'attachement des réfugiés au retour dans les maisons dont ils furent chassés. La plupart d'entre elles ont cependant été démolies depuis.

Les Palestiniens marquent officiellement l'anniversaire de la «Nakba» le 15 mai, mais vendredi étant le jour de repos hebdomadaire, plusieurs manifestations ont eu lieu dès jeudi. Un discours du président palestinien Mahmoud Abbas est prévu dans la soirée, pour l'occasion.

A Gaza, la police du Hamas a empêché la tenue de manifestations organisées par l'OLP pour marquer l'anniversaire de la «Nakba», ont indiqué des responsables.

«La police a empêché le Comité national de la Commémoration de la Nakba d'organiser une quelconque activité pour marquer l'évènement», a déclaré à l'AFP un des responsables de ce comité sous couvert d'anonymat.

Selon des témoins, la police du Hamas, le mouvement islamiste qui contrôle Gaza depuis juin 2007, a déployé des renforts dans le centre-ville pour empêcher tout rassemblement.

Aucun commentaire n'a pu être obtenu auprès du ministère de l'Intérieur du gouvernement du Hamas.

L'Organisation de libération de la Palestine (OLP), dont est issu le Comité de la Commémoration, est dominé par le Fatah, le parti de M. Abbas que le Hamas a délogé du pouvoir à Gaza en juin 2007.

Le Hamas, qui ne reconnaît pas le droit d'Israël à l'existence, a affirmé dans un communiqué qu'il «reste attaché à la résistance jusqu'à la victoire» et qu'il refuse «tout compromis» sur le droit au retour des réfugiés, qui constituent plus des deux tiers de la population (1,5 million) de la bande de Gaza.

Quelque 760.000 Palestiniens -- aujourd'hui quelque 5 millions avec leurs descendants -- ont été poussés à l'exode lors de la création d'Israël qui s'oppose depuis farouchement à leur retour.

En 1967, Israël a occupé la Cisjordanie et la bande de Gaza.

Le pape Benoît XVI, en pèlerinage en Terre Sainte, a visité mercredi un des camps de réfugiés palestiniens, celui d'Aïda à l'entrée de Bethléem en Cisjordanie.

 «Avec angoisse, j'ai été le témoin de la situation des réfugiés qui, à l'instar de Sainte Famille, ont été obligés de fuir de leurs maisons», a-t-il dit.