Le pape Benoît XVI a apporté mercredi son soutien à la création d'un Etat palestinien et déploré le «tragique» mur de séparation érigé par Israël, lors d'une visite à Bethléem au sixième jour de son pèlerinage en Terre sainte.

«Monsieur le Président, le Saint-Siège soutient le droit de votre peuple à une patrie palestinienne souveraine sur la terre de ses ancêtres, sûre et en paix avec ses voisins, à l'intérieur de frontières reconnues au niveau international», a-t-il dit au côté du président palestinien Mahmoud Abbas dans une allocution à son arrivée dans la ville natale de Jésus.

Le gouvernement israélien de droite dirigé par Benjamin Netanyahu refuse la création d'un Etat palestinien.

Il a aussi appelé les jeunes palestiniens à résister à la tentation du recours au «terrorisme» dans leur lutte conte l'occupation israélienne. «Ayez le courage de résister à toutes les tentations que vous pourriez ressentir de vous livrer à des actes de violence ou de terrorisme. Au contraire, permettez que ce que vous avez vécu renouvelle votre détermination à construire la paix».

Après la réception officielle, le pape a célébré une messe en présence d'au moins 5.000 fidèles sur la place de la Crèche, devant la Basilique de la Nativité.

S'adressant dans son homélie aux «pèlerins venant de Gaza déchirée par la guerre», dont une centaine étaient présents, il a dit: «Soyez assurés de ma solidarité dans l'immense tâche de reconstruction à laquelle vous devez faire face et de mes prières pour que l'embargo soit bientôt levé».

La bande de Gaza est soumis à un blocus israélien depuis la prise de contrôle par les islamistes du Hamas en juin 2007.

Il a aussi assuré la population de Gaza de sa «profonde compassion» après l'offensive israélienne de décembre/janvier qui a fait plus de 1400 morts palestiniens.

Le pape a ensuite visité le camp de réfugiés palestiniens d'Aïda, à l'entrée de Bethléem, où il a jugé «tragique» la construction de la barrière de séparation israélienne en Cisjordanie.

«Dans un monde où les frontières sont de plus en plus ouvertes - pour le commerce, pour les voyages, pour le déplacement des personnes, pour les échanges culturels - il est tragique de voir des murs continuer à être construits», a affirmé Benoît XVI.

Pour lui, cette barrière est un «rappel incontournable de l'impasse où les relations entre Israéliens et Palestiniens semblent avoir abouti».

Il parlait dans la cour d'une école dominée par un tronçon en béton haut de huit mètre de la barrière de séparation, qui empiète sur les terres palestiniennes.

Quelque 4.600 réfugiés, originaires de 43 villages rasés par les forces israéliennes lors de la création de l'Etat hébreu en 1948, habitent à Aïda.

M. Abbas, qui accompagnait le pape dans le camp, a pour sa part lancé «un message de paix» aux Israéliens.

«Devant votre Sainteté, j'adresse un message de paix à nos voisins israéliens et je leur demande de renoncer à l'occupation, à la colonisation, aux arrestations et aux humiliations» infligées aux Palestiniens, a-t-il déclaré.

L'arrivée du souverain pontife à Aïda a été marquée par le lâcher de 61 ballons noirs pour rappeler la Nakba, la «catastrophe» que fut pour les Palestiniens la création d'Israël en 1948 sur les trois quarts de la Palestine historique.

Il a ensuite assisté au spectacle d'un petite troupe de danseurs et chanteurs. Dans l'une des scènes, les danseurs tenaient en main des clés noires en cartons, symbolisant les maisons perdues par les habitants du camp lors de leur exode.

Quelque 760 000 Palestiniens ont été poussés à l'exode après la création de l'Etat d'Israël. Ils sont aujourd'hui avec leurs descendants près de cinq millions et réclament le «droit au retour», qu'Israël refuse.