Le pape Benoît XVI a appelé lundi à «ne jamais nier, discréditer ou oublier» la «souffrance» des victimes de la Shoah, au mémorial Yad Vashem érigé à Jérusalem à la mémoire des six millions de juifs exterminés par les nazis.

«Que les noms de ces victimes ne périssent jamais ! Que leur souffrance ne soit jamais niée, discréditée ou oubliée ! Et que toutes les personnes de bonne volonté demeurent attentives à déraciner du coeur de l'homme tout ce qui peut conduire à de telles tragédies !», a affirmé le pape allemand dans la Crypte du Souvenir où il a ravivé la flamme éternelle.

Dès son arrivée en Israël en milieu de journée, Benoît XVI avait dénoncé la «Shoah» et souhaité que «l'humanité ne soit plus jamais témoin d'un crime d'une telle ampleur».

«Je suis venu pour rester en silence devant ce monument, érigé pour honorer la mémoire de millions de personnes tuées dans l'horrible tragédie de la Shoah» a-t-il déclaré.

«Elles ont perdu leurs vies mais elles ne perdront jamais leurs noms, car ils sont profondément gravés dans le coeur de ceux qui les aiment, de leurs compagnons de détention qui ont survécu et de tous ceux qui sont déterminés à ne plus jamais permettre qu'une telle atrocité déshonore à nouveau l'humanité. Plus que tout, leurs noms sont à jamais inscrits dans la mémoire du Dieu Tout-puissant», a ajouté le pape.

«Il est possible de dérober à un voisin ce qu'il possède, son avenir ou sa liberté. Il est possible de tisser un réseau insidieux de mensonges pour convaincre les autres que certains groupes ne méritent pas d'être respectés. Néanmoins, quoique vous fassiez, il est impossible d'enlever son nom à un être humain. L'Écriture Sainte nous enseigne l'importance du nom pour conférer à une personne une mission unique ou un don spécial», a poursuivi le souverain pontife.

Après avoir ravivé la flamme, le souverain pontife s'est recueilli silencieusement près de la flamme, les yeux fermés, avant de se prosterner devant les noms des camps d'extermination, de concentration, et les lieux où périrent des juifs durant la Deuxième guerre mondiale.

Une prière en hébreu a ensuite été dite par un chantre, rappelant le génocide des juifs par les nazis.

Il a par ailleurs salué des rescapés de camps d'extermination ainsi qu'un Juste des Nations, un chrétien qui sauva des juifs durant la guerre.

«Je lui ai demandé, parce qu'il connaît l'Holocauste, de condamner tous les négationnistes», a expliqué à l'AFP Ed Mosberg, un survivant né en Pologne en 1926.

Pour une autre survivante, Ruth Bondi, Benoît XVI a «fait des erreurs» au début de son pontificat, mais lors de sa visite en Jordanie, «il a dit les bonnes choses», a-t-elle déclaré à l'AFP.

L'ancien grand rabbin d'Israël, Israël Lau, rescapé du camp de Buchenwald, et président de Yad Vashem a offert au pape un fac-similé d'un tableau peint par un artiste juif, Felix Nussbaum, assassiné en déportation.

Il a jugé « émouvantes» des parties du discours du pape après la visite mais exprimé des réserves, déplorant qu'il n'ait pas «évoqué expressément les nazis» et parlé de juifs «tués» au lieu «d'assassinés» sans spécifier le nombre de six millions.

Cette visite du pape allemand en Israël se déroule sur fond de polémique entre le Vatican et Israël avec la levée de l'excommunication de l'évêque négationniste Richard Williamson.

L'Etat juif s'oppose aussi à la béatification, souhaitée par Benoît XVI, de Pie XII accusé de ne pas avoir fait entendre sa voix durant le génocide nazi.

Le pape n'a pas visité le musée de Yad Vashem consacré à la Shoah, tout comme son prédécesseur Jean Paul II, en 2000. Ce musée comporte une photo de Pie XII avec une légende lui reprochant son silence.