Le pape Benoît XVI a plaidé pour une paix entre Israéliens et Palestiniens basée sur deux États et fermement condamné l'antisémitisme en entamant lundi sa première visite en Israël.

«Je plaide, avec tous les responsables, pour un examen de chaque voie possible vers une résolution juste des difficultés considérables afin que les deux peuples puissent vivre en paix dans leur pays respectif, dans des frontières sûres et reconnues internationalement», a-t-il déclaré à l'aéroport Ben Gourion, près de Tel-Aviv, en provenance de Jordanie où il a entamé vendredi son premier pèlerinage en Terre sainte.

En parlant de «pays respectif», il a apporté son soutien à la création d'un État palestinien aux côtés d'Israël, un règlement auquel refuse de se plier le nouveau gouvernement de droite d'Israël dirigé par Benjamin Netanyahu.

Benoît XVI, qui passera cinq jours en Israël et en Cisjordanie, est revenu à la charge lors d'une réception organisée à la résidence du président israélien Shimon Peres à Jérusalem.

«Sécurité, intégrité, justice et paix. Dans les desseins de Dieu pour le monde, ils sont inséparables», a-t-il indiqué, appelant à «exercer» et «vivre» ces principes.

«Aucun individu, aucune famille, aucune communauté ou nation ne peut s'exempter du devoir de vivre dans la justice et d'oeuvrer à la paix», a-t-il lancé.

A l'aéroport Ben Gourion, où il été reçu notamment par MM. Peres et Netanyahu, il a aussi tenu à condamner l'antisémitisme.

«Malheureusement, l'antisémitisme continue de relever son visage répugnant dans plusieurs parties du monde. C'est totalement inacceptable», a-t-il dit.

«Il est juste et opportun que, pendant mon séjour en Israël, je puisse avoir la possibilité d'honorer la mémoire des six millions de juifs victimes de la Shoah, et de prier pour que l'humanité ne soit plus jamais témoin d'un crime d'une telle ampleur», a-t-il poursuivi, employant le terme juif désignant l'Holocauste.

Il s'est ensuite rendu par hélicoptère à Jérusalem où il a été accueilli par le maire israélien Nir Barkat.

A la résidence de M. Peres, il s'est entretenu pendant quelques minutes avec les parents du soldat israélien Gilad Shalit détenu par le mouvement islamiste Hamas à Gaza depuis près de trois ans.

Le souverain pontife devait effectuer lundi après-midi une visite très attendue à Yad Vashem, le mémorial de la Shoah, avant de se rendre mardi au mur des Lamentations et sur l'esplande des Mosquées.

Il célébrera aussi des messes publiques à Jérusalem (mardi), Nazareth (jeudi) ainsi qu'à Bethléem en territoire palestinien (mercredi).

Ce 12e voyage à l'étranger du pape allemand âgé de 82 ans intervient après l'offensive israélienne dans la bande de Gaza (décembre-janvier) qui a fait plus de 1.400 morts palestiniens.

Il se déroule aussi sur fond de polémique entre le Vatican et Israël avec la levée de l'excommunication de l'évêque négationniste Richard Williamson. L'État juif s'oppose aussi à la béatification, souhaitée par Benoît XVI, de Pie XII accusé de ne pas avoir fait entendre sa voix durant le génocide nazi.

Le chef de la Knesset, Reuven Rivlin, troisième personnage de l'État, n'a pas participé à l'accueil officiel du pape mais le retrouvera au Yad Vashem.

«Il n'y a pas lieu de s'enthousiasmer et certainement pas de se prosterner devant ce pape qui a relancé le processus de béatification de Pie XII», a affirmé Arié Eldad, député du parti de l'Union nationale (extrême droite).

Les quatre ministres israéliens issus du parti ultra-orthodoxe Shass ont boycotté la réception chez M. Peres en raison de son passé dans les Jeunesses hitlériennes, a annoncé un porte-parole du parti.

Le Hamas qui contrôle Gaza a critiqué la visite du pape en Israël, estimant qu'elle «embellira l'image de l'occupation et affaiblira les chances de voir ses dirigeants poursuivis pour les crimes de guerre», commis selon le mouvement islamiste lors de l'offensive à Gaza.