Un attentat-suicide a coûté la vie à 12 civils et fait 32 blessés jeudi dans le sud de l'Afghanistan alors que dans l'ouest du pays, la police a tiré sur une foule de protestataires qui dénonçaient à coups de jets de pierres la mort de civils imputée à des bombardements américains.

Dans la province méridionale d'Helmand, un kamikaze circulant à moto a fait sauter sa charge explosive près d'un véhicule militaire international dans le district de Gereshk. La déflagration a tué 12 personnes et en a blessé au moins 32 autres, selon Daud Ahmadi, un porte-parole du gouverneur. Il a précisé qu'il ne disposait pas d'informations sur d'éventuelles victimes parmi les occupants du véhicule militaire international. Un porte-parole des forces de l'OTAN a confirmé l'attentat, mais a ajouté qu'il ne savait pas s'il y avait des victimes dans les rangs des soldats.

Dans la capitale de la province de Farah, une manifestation a dégénéré devant le bureau du gouverneur. Six protestataires ont été blessés, dont un par balle, alors qu'ils tentaient de pénétrer dans le principal bâtiment gouvernemental, a déclaré Gul Ahmad Ayubi, un responsable des services de santé de la province.

La foule de quelque 150 personnes protestait contre la mort de civils dans les villages de Ganjabad et Gerani, d'après Belqis Roshan, un membre du conseil provincial.

Des représentants de la Croix-Rouge internationale et de la région ont déclaré que les civils avaient été tués dans l'explosion de bombes américaines, bien que l'armée américaine ait affirmé que cela ne pouvait pas être le cas.

Des enquêteurs afghans et américains ont entrepris d'examiner les lieux où les civils auraient été tués. Un responsable local, Abdul Basir Khan, membre du conseil de la province de Farah, a affirmé qu'il avait recensé 147 noms de personnes tuées, selon les habitants -55 dans un village et 92 dans l'autre. Selon lui, les villageois ont expliqué aux enquêteurs que beaucoup de victimes avaient été inhumées dans des fosses communes contenant 20 personnes ou plus. Les corps n'ont pas été exhumés, selon la même source.

Si ce bilan devait être confirmé, il s'agirait de l'épisode le plus meurtrier concernant des victimes civiles depuis le début des opérations sous commandement américain en Afghanistan en 2001. La Croix-Rouge a déclaré que des enfants et des femmes comptaient au nombre des dizaines de morts.

L'annonce des résultats de l'enquête menée par les autorités afghanes et américaines n'était pas attendue avant vendredi.

Mercredi, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Rodham Clinton a précisé que les Etats-Unis regrettaient ôôprofondément la mort de personnes innocentes en ouverture d'une réunion avec les présidents afghan et pakistanais au Département d'Etat.

A l'occasion d'une visite en Afghanistan, le secrétaire à la Défense Robert Gates a exprimé jeudi ses regrets après la mort de civils afghans, quelle que soit la cause de leur décès.